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Des monarchies actives, des "Républiques" tétanisées

mercredi 14 septembre 2011 - 09h:43

M. Saadoune - Le Quotidien d’Oran

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Les monarchies arabes du Golfe s’organisent pour tenter de limiter la contestation citoyenne dans les territoires des « républiques ». Elles confirment leur volonté d’intégrer les deux monarchies lointaines, la Jordanie et le Maroc, dans le Conseil de coopération du Golfe.

Il s’agit très clairement d’investir de l’argent dans ces deux pays, aux conditions sociales et économiques difficiles, pour soutenir les monarchies en place. La contestation politique à Bahreïn, réglée par la répression avec la participation des troupes des pays du Golfe, a été perçue comme une alerte. Toutes les monarchies du Golfe - et elles en ont les moyens - ont réagi depuis par des mesures destinées à améliorer les revenus de leurs populations. Ce genre de réponse fonctionne mais il n’est pas toujours efficace.

En définitive, ce sont les « républiques », dont les méfaits sont mis en exergue par les chaînes satellitaires des pays du Golfe, qui servent de manière subliminale de repoussoir. Ces monarchies, où les libertés n’existent tout simplement pas, gèrent avec une certaine réussite le « printemps arabe ». Elles bénéficient certes de leur statut « d’amis » des Occidentaux.... Leurs médias ne s’intéressent pratiquement pas à la situation des droits de l’homme chez eux, le cas de Bahreïn étant de ce point de vue éloquent. Mais ce sont surtout les dérives sanglantes des « républiques » qui leur permettent d’adopter une posture où elles paraissent en définitive plus « raisonnables » et plus « ouvertes ».

Il faut dire qu’il n’est pas difficile de le paraître face aux comportements de psychopathes dont font preuve des dirigeants « républicains ». Qui peut en effet trouver à redire aux reproches faits par les monarques arabes à Bachar Al-Assad ? Que ces reproches soient exprimés par des monarchies n’enlève rien à leur pertinence. Le plus remarquable est que justement les « républiques » arabes n’ont même pas le courage de faire des remontrances similaires au régime « républicain » syrien. Comme ce fut d’ailleurs le cas quand Kadhafi promettait publiquement de liquider ses opposants « rue par rue et maison par maison ».

Dans ce « printemps arabe », les monarchies arabes conservatrices paraissent singulièrement entreprenantes, alors que les républiques sont sur la défensive. Et c’est un euphémisme. Depuis la chute de Moubarak, leur grand ami « républicain », les monarques ont compris qu’il faut soutenir le printemps arabe chez les autres. Ils ont « l’argument » qu’ils ne trompent pas sur la marchandise : chez eux, il n’y a que des sujets. Et c’est pour cela qu’ils ont contribué, sans état d’âme aucun, à réprimer les Bahreïnis, avec en sus une mobilisation sur le mode communautariste sunnite antichiite. Et c’est parce qu’il ne faut en aucun cas que des sujets de monarchie puissent créer un précédent, que la Jordanie et le très lointain Maroc deviennent éligibles à l’adhésion au Conseil de coopération du Golfe. La démarche sera-t-elle efficace ? On peut le présumer, sachant que ce sont des États couvés par les Occidentaux.

Mais le plus important à noter est que cet activisme des monarchies révèle surtout l’immobilisme des républiques. Ceux qui y détiennent les commandes sont tétanisés, incapables de comprendre que les temps changent. Et que les populations en mouvement n’acceptent plus le statut de « sujets » dans des régimes officiellement républicains, mais réellement aussi royalistes que les rois.

Du même auteur :

- Une guerre et des débiteurs
- Traquenard dans une rébellion
- Une entêtante colère
- Le printemps sera palestinien ou ne sera pas
- Réconciliation : La dynamique d’Al-Tahrir
- Fin de partie
- Libye : Comprendre et désobéir
- Butin de sang

14 septembre 2011 - Le Quotidien d’Oran - Éditorial


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