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A propos de l’ambassade israélienne et des affrontements, dans ce débat interminable

mardi 13 septembre 2011 - 06h:31

Egyptian Chronicles

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D’abord, si le SCAF et le gouvernement égyptien avaient pris des mesures appropriées pour rétablir les droits de ces martyrs, et leur dignité, tout ceci ne serait pas arrivé...

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Des manifestants devant les locaux de l’ambassade israélienne au Caire, le 9 septembre 2011.
(Reuters/Le Monde - Amr Abdallah Dalsch)

D’accord, d’abord personne n’est entré de force dans l’ambassade israélienne hier, il s’agissait d’un appartement que l’ambassade utilise comme voute d’archives. Je ne soutiens pas l’action en elle-même, mais vous devez faire connaître à la vérité.

Deuxièmement, tous les affrontements qui ont eu lieu à partir de minuit jusqu’à l’aube, qui ont fait 1049 blessés et 3 morts, ne se sont pas produits à l’ambassade israélienne, mais à la Direction de la Sécurité de Giza, qui se trouve à quelques rues de là, en fait quand je revois le plan dans ma tête, entre les deux il y a le jardin d’Orman, et le jardin d’Orman est l’un des plus grands jardins d’Afrique du Nord.

Nous avons là deux incidents distincts et le premier est l’irruption dans l’appartement de la salle d’archives à l’arrière de l’ambassade israélienne en Égypte au 18e étage.

Ce qui est arrivé à l’immeuble est déjà de toutes les façons suspect, je n’arrive pas à comprendre comment la sécurité militaire a pu se retirer, comme ça, et pourquoi elle a laissé les manifestants entrer ainsi dans l’appartement.

Le deuxième incident, c’est à la Direction de la Sécurité de Giza où il y a eu de violents affrontements qui causèrent la mort de trois personnes, deux ayant été tuées par balles réelles et le troisième étant décédé d’une crise cardiaque. Les affrontements ont éclaté quand un véhicule de la police a foncé sur les manifestants hier, près de l’ambassade saoudienne avant de se planquer à la Direction de la Sécurité, ce qui a rendu furieux les manifestants au point qu’ils ont incendié d’autres véhicules de police et que les choses se sont envenimées à un niveau que nous regrettons.

Officiellement, le SCAF (Conseil suprême des forces armées d’Égypte) avait prévenu d’une tentative d’agression ou d’irruption dans l’un des locaux de la Sécurité, dans son message 74 diffusé mercredi dernier. Toutes ces scènes de véhicules en feu et d’affrontements entre les appelés des CSF (Forces centrales de sécurité) et les manifestants n’avaient pas lieu à l’ambassade mais à la Direction de la Sécurité de Giza. Cela n’avait rien à voir avec Israël de près ou de loin, ça concernait uniquement le ministère de l’Intérieur égyptien.


Troisièmement, tout le monde a oublié comment les forces israéliennes ont violé les accords de Camp David et pénétré sur notre territoire pour tuer nos officiers et soldats, sans le moindre regret ni la moindre excuse officiels, comme s’ils n’avaient pas été des êtres humains, et comme si Israël ne violait en aucune façon le droit international. Obama a exprimé sa préoccupation après la mort de nos soldats et officiers.

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L’appelé Emad Abdel Malek, 6è martyr

Aujourd’hui, l’appelé Emad Abdel Malek est officiellement le 6è martyr de l’attaque contre nos officiers et soldats à la frontière, il a été touché à trois reprises par les tirs des forces israéliennes. Naturellement, la presse internationale ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas Abdel Malek comme un humain, aussi son assassin sera-t-il mis en exergue.

Pour information, la Dr Doaa Galal, soeur du capitaine de police Ahmed Galal tué par les forces israéliennes sur la frontière a reçu le témoignage de son frère regretté sur le bombardement, transmis par lui avant de mourir, et après avoir été blessé.

Le capitaine de police Galal a dit à sa s ?ur que les forces israéliennes savaient que c’était des forces de police égyptiennes qu’elles attaquaient, car il existe une coordination entre les deux pour la sécurisation de la frontière. Contrairement à ce que les Israéliens ont prétendu, Galal et ses soldats portaient l’uniforme noir des CSF et non celui de l’armée égyptienne. Galal a dit à sa s ?ur que les Israéliens d’en face connaissaient chacun par son nom et son grade, qu’il les avait appelés par radio mais ils n’avaient pas répondu. Galal a été touché à la tête.

Nos officiers et soldats ont été tués par des munitions interdites d’après le rapport médico-légal officiel. Ce ne sont pas des animaux, pour l’amour de Dieu ! Je ne sais pas pourquoi Human Rights Watch et d’autres organisations humanitaires internationales n’ont pas pris en compte ce rapport, être un soldat ne vous rend pas moins humains. A propos, je signale que le premier poste du regretté Galal avait été de protéger l’ambassade israélienne !!

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Le capitaine Galal, assassiné par les Israéliens, dans son uniforme noir de la Sécurité

D’abord, si le SCAF et le gouvernement égyptien avaient pris des mesures appropriées pour rétablir les droits de ces martyrs, et leur dignité, tout ceci ne serait pas arrivé. Au cours des dix dernières années, Israël a violé officiellement les accords de Camp David et tué pas moins de 50 de nos officiers et soldats sur la frontière, nous avons été obligés de nous taire parce que le régime Moubarak systématiquement les enterrait en secret et menaçait leurs familles si elles osaient intervenir. Israël, lui, a déclenché deux guerres, contre le Liban et la bande de Gaza, pour trois ou quatre soldats, si je ne me trompe.

Maintenant, et bien que cela soit inacceptable et en contradiction avec le droit international, notamment avec la Convention de Vienne qui interdit de pénétrer comme cela dans une ambassade, ce n’est pourtant pas la première fois que cela arrive dans le monde. Je ne citerai pas la crise des otages d’Iran (1979) mais à mon idée, nous avons l’incident de l’invasion de l’ambassade américaine à Beijing en Chine, après le bombardement de l’ambassade chinoise à Belgrade en 1999. Et aussi en janvier 2009, nos frères yéménites qui ont pris d’assaut le consulat égyptien après l’attaque contre Gaza.

Beaucoup croient en Égypte que ce qu’il s’est passé à l’ambassade israélienne a été programmé par le SCAF, le ministère de l’Intérieur, en coopération avec Israël pour donner plus de poids au SCAF. Maintenant, la loi d’urgence est totalement applicable, et bien des gens ne tolèrent pas ce désordre et ce manque de sécurité qui compromettent aujourd’hui nos relations avec le monde extérieur. Tantawy (chef du SCAF) ne pourrait se manifester demain pour témoigner dans les assassinats en cas de protestations pour le manque de sécurité.

A propos, il y a une vidéo, qui montre clairement des soldats et des officiers essayant de les convaincre de quitter l’appartement. Naturellement, la question est de savoir d’abord pourquoi les forces de sécurité ont quitté l’entrée de l’immeuble et laissé cette foule entrer comme ça.

Giza : Irruption dans les archives vides de l’ambassade (vidéo)




Autres vidéos (en arabe)

Bien sûr, les hommes barbus et les chants « Allah Akbar » ne signifient pas que c’était des islamistes radicaux, au contraire les forces islamiques du pays, dont les Frères musulmans, ont publié une forte déclaration à ce sujet hier malgré leur position sur Israël. Les mouvements du 6 Avril, « Les deux fronts », sont aussi contre ces incidents d’hier, de même que de nombreux partis, comme Al Adl. Le mouvement du 6 Avril « le front de Maher » a accusé Gamal Moubarak et ses hommes d’être derrière ces irruptions de violence. De nombreuses personnalités politiques ont aussi exprimé leur désaccord avec ce qui se passait, malgré leur position à l’égard d’Israël, tels Yosri Fouda et Amr Hamzawy.

Bien sûr, en général, les gens sont très heureux du départ de l’ambassadeur israélien, et ils en raillent, mais officiellement aujourd’hui, la loi d’urgence est appliquée totalement, et de ce fait, la MOI fera un retour massif aux affaires et au lieu d’avoir des tribunaux militaires, nous reviendrons à la Haute Cour en cas d’urgence. Naturellement, Ofir Pasha a twitté que l’ambassadeur israélien reviendra une fois de plus au Caire, au bout de quelques heures.

J’aurais été ravi si l’expulsion de l’ambassadeur israélien avait été décidée par un gouvernement démocratiquement élu et soutenue par un parlement élu, mais l’ambassadeur n’a pas été expulsé par eux, il a été rappelé par son pays, et le gaz est toujours exporté (vers Israël) alors que nous en sommes au 6e martyr.

Nous sommes un peuple émotif, c’est notre plus grande faiblesse en tant qu’Arabes et Égyptiens, nous ne pensons pas aux implications de nos actes et nous nous réjouissons des victoires faciles à court terme de la foule.

Bien que nous n’en soyons pas à faire la guerre à tout instant que ce soit de notre côté ou du côté d’Israël, je tiens à rappeler comment les gens ont acclamé la décision audacieuse de Nasser en 1967, et comment il a déployé nos forces dans le Sinaï en 1967 pour montrer sa force, sans réfléchir une minute, logiquement et stratégiquement, aux conséquences de cette décision. Malheureusement, encore maintenant, nous payons le prix de ses décisions de 1967, parmi d’autres de ses décisions.

Comble d’ironie, Nasser dont les photos étaient brandies contre les militaires place Tahrir lundi dernier est en réalité à l’origine du pouvoir militaire en Égypte, la loi d’urgence de 1958 est un autre produit de sa période. La loi d’urgence de 1958 avait été entièrement rétablie après la défaite de 1967.


Voir aussi :

- L’ambassade israélienne au Caire, saccagée par une foule de manifestants - Al Jazeera
- L’ambassade d’Israël change d’adresse : le déshonneur d’Israël ! - L. Mazboudi - Al Manar
- Désinformation sur la manifestation anti israélienne en Égypte - Alison Weir

10 septembre 2011 - Egyptian Chronicles - traduction : JPP


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