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Les colons lancent la première initiative de vente de logements aux USA

lundi 19 mars 2007 - 09h:30

Daphna Berman - Ha’aretz

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Une campagne lancée cette semaine pour convaincre des Juifs Etasuniens d’acheter des logements en Cisjordanie est la première vente organisée de ce genre, selon les militants des deux côtés du spectre politique.

Amana, le bras colonial de Gush Emunim [« Bloc de la Foi », religieux extrémistes, ndt], a accueilli des foires au logement cette semaine à New York et dans le New Jersey, et il y a des projets d’événements similaires à Miami et à Chicago.

C’est la première fois que des Juifs de la Diaspora sont sollicités à
s’impliquer directement dans l’expansion des colonies en achetant ou en
finançant la construction de logements en Cisjordanie. Mais incité par
ce qu’il appelle un bon début, Amana vise les communautés juives dans
tous les USA, avec l’espoir d’amplifier cette tendance nouvelle plutôt
surprenante.

Les représentants d’Amana ont dit à AngloFile que près de huit logements
dans les colonies, dont Kiryat Arba et Karnei Shomron, ont été vendus
cette semaine, et des dizaines d’acheteurs étasuniens « considèrent
sérieusement » un achat dans les semaines à venir.

Avec des prix entre 93000 et 165000 dollars, les appartements doivent
être loués à des colons 250 à 400 dollars par mois, et sont
commercialisés comme un moyen de « laisser votre empreinte sur la
destinée d’Israël ». La campagne permet surtout aux colons israéliens,
qui paieront le loyer mensuel aux propriétaires étasuniens, de vivre
dans des logements qu’ils n’auraient pas les moyens d’acheter.

Il est dit aux acheteurs que l’investissement est "assuré, protégé et
100% légal". Les représentants d’Amana disent confidentiellement aux
acheteurs que si les colonies sont démantelées dans le cadre d’un accord
final avec les Palestiniens, le coût de leur logement leur sera remboursé.
Les représentants du bureau du Premier Ministre n’ont pas confirmé la
promesse de compensation faite par Amana et ont déclaré : « Nous ne
sommes pas familiers avec cette question et par conséquent nous ne la
commenterons pas ».
La loi israélienne sur la compensation des gens évacués de Gaza inclut
des dispositions pour les propriétaires qui ne vivent pas dans la zone
en question. Les officiels de Sela, l’administration du
« désengagement », indiquèrent qu’un « groupe isolé » d’évacués du Goush
Katif non citoyens Israéliens ont reçu des compensations pour leurs
logements, mais ils n’ont pas donné plus de détails, par confidentialité.

"C’est un investissement, mais aussi une affirmation idéologique’" dit
Alon Farbstein, un directeur exécutif assistant de Binyanei Bar Amana,
la société immobilière de l’organisation, qui a participé cette semaine
aux foires au logement de Teaneck, New Jersey et de Queens, New York.
« Des Israéliens viennent souvent demander des dons, mais nous ne
demandons pas la charité. Nous sommes venus offrir quelque chose et
c’est pourquoi ils apprécient. »

L’Union Bank d’Israël, Bank Igud, offre des prêts allant jusqu’à 65% du
prix du logement. Un représentant de la banque présent à la foire
offrait un taux d’intérêt de 5% annuel sur 20 ans, selon les documents
disponibles sur place. Certains acheteurs n’auront pas besoin de prêt,
dit Farbstein, et ceux qui le font peuvent aussi emprunter aux banques
étasuniennes. Les étasuniens qui ont déjà signé des contrats d’achat ont
versé un acompte de 3000 dollars.

Le soutien de certains secteurs juifs étasuniens au mouvement de
colonisation n’est pas une nouveauté. Des Américains ont acheté des
logements en Cisjordanie ces dernières années et les ont loué aux
habitants locaux. Des organisations comme Ateret Cohanim ont aussi
demandé à des Juifs étasusiens de souscrire à l’achat de logements à
Jérusalem Est lors de colloques ou dans des synagogues à l’étranger.
Mais les militants d’Amana, de même que La Paix Maintenant et Gush
Shalom, disent que c’est le premier essai de vente en masse de logements
des Territoires [occupés] aux Juifs de la Diaspora.
« Jusqu’à présent, il y a eu des foires immobilières [aux USA] pour des
propriétés à Jérusalem, Modi’in et Herzliya, mais ce sont les premières
pour la Judée et la Samarie, » dit Farbstein. « La question n’est pas de savoir
pourquoi nous le faisons maintenant mais pourquoi nous ne l’avons pas
fait avant. Je n’en sais rien. »

La campagne a rencontré la vive condamnation d’une pléthore
d’organisations de gauche, qui ont protesté dimanche à l’extérieur de la
synagogue de Teaneck, New Jersey, où se tenait la foire. Près de 25
manifestants étaient dehors tandis que près de 250 Juifs américains se
pressaient à la synagogue pour entendre les arguments d’Amana.

Americans for Peace Now, qui ne participait pas à la protestation, a
produit une déclaration condamnant la campagne et son porte parole Ori
Nir a dit : « Tout logement acheté ou construit en plus éloigne d’un
accord de paix ».
L’événement et la protestation ont été largement couverts dans les média
étasuniens.
Mais certains leaders de communautés juives disent que leurs membres de
congrégation veulent s’impliquer. « Les gens veulent faire quelque chose
pour Israël », dit le rabbin Steven Pruzansky, leader spirituel de la
Congrégation Bnai Yeshurun, la synagogue du New Jersey où a eu lieu la
première foire. « Ils veulent réaliser la mitzvah de coloniser la terre
d’Israël et c’est difficile de faire cela à Teaneck [sic]. »

Viser les Juifs fortunés

D’après les connaisseurs, Amana vise les communautés juives riches avec
une présence orthodoxe moderne forte. Pour ce segment de population,
disent t-ils, mettre 150.000 dollars dans un logement n’est guère un
souci financier.

Dov Hikind, un élu de l’Etat de New York qui est venu à la foire et
pense acheter un logement de Cisjordanie dans les prochaines semaines,
dit : « C’est une chance pour les Américains de mettre les dollars là où
ils mettent leur bouche », « si c’était un pur investissement, je vous
dirais d’aller à Wall Street ». « Je crois en Dieu et j’ai la foi, mais
il n’y a pas de garanties’ » dit-il à propos du risque potentiel. « Je
ne vis pas dans la crainte que ça arrivera [une nouvelle évacuation]. Je
dois avoir la foi et faire ce que je crois juste. »

Amana a commencé une campagne de marketing sérieuse, avec un numéro
d’appel gratuit. Leur site web contient des informations détaillées en
anglais sur les possibilités de construction, avec des liens sur les 10
colonies impliquées dans la campagne, et un choix de plans au sol. Les
pubs en couleur distribuées à la foire contiennent des photos de maisons
à toit rouge avec du gazon et de vastes parcs, et un drapeau israélien
flottant en arrière plan.

Dans leur argumentaire, les représentants d’Amana disent que les
réductions de subsides du gouvernement rendent l’achat de logements de
plus en plus difficile, si bien que les jeunes familles n’ont plus les
moyens de les acheter. Ils ont prévenu d’un « gel de population »
potentiel qui d’après eux pourrait menacer le mouvement de colonisation.

« Il est en votre pouvoir d’aider ce moteur sioniste à rester ferme dans
sa progression - de créer une tendance positive où aucun parti
politique en Israël n’a réussi par politique, et le laisser votre
empreinte sur la destinée d’Israël, » dit la promo.
Colonie près de Ramallah
Les années récentes ont vu une augmentation du nombre de Juifs
américains ayant des biens en Israël et cette campagne semble surfer sur
la vague. Mais contrairement à d’autres projets immobiliers, la campagne
d’Amana ne vise pas à fournir aux Juifs étasuniens une résidence
secondaire. Les acheteurs ne sont pas supposés immigrer ni occuper les
logements qu’ils achètent, mais permettre aux colons d’y vivre à leur
place. Les acheteurs d’Amana font une geste politique intentionnel pour
renforcer le mouvement de colonisation.

De fait, les pubs d’Amana disent aux acheteurs étasuniens qu’acheter un
logement « est un pas de géant dans votre amour d’Israël dans les
régions mêmes où vos ancêtres ont parcouru cette terre. »

Contraire à la politique des USA

Michael Sfard, un avocat de Peace Now (la Paix Maintenant), a porté
plainte auprès de l’avocat général contre Amana l’an dernier, demandant
une investigation criminelle parce que l’organisation des colons
continue l’étendre ses avant-postes.
Les représentants de Peace Now s’occupent aussi de l’affirmation d’Amana
selon laquelle ce mouvement est nécessaire. « Il y a plein de maisons
vides dans les colonies et il n’y a aucun manque de logements, » dit
Dror Etkes, directeur du programme Settlements Watch de Peace Now. « Il
font ça pour se faire des liquidités. »
Les militants disent aussi qu’appeler le projet « légal » est plutôt
douteux. « Les colons sont supposés avoir des permis de construire et
s’ils l’ont fait, vendre ces maisons serait légal selon la loi
israélienne. Bien sûr, c’est totalement illégal selon la loi
internationale, » dit Adam Keller, porte-parole de Gush Shalom.

Il dit aussi que le moment de la campagne n’est guère une coïncidence.
« Les colons ont besoin du soutien politique et financier des
ultra-orthodoxes et des chrétiens fondamentalistes aux USA, » ajoute
t-il. « Ils n’avanceraient pas sans cela. Les colons se sentent en
position de faiblesse, ils sentent que le temps leur est compté. Le
consensus international est que la solution inclura un Etat palestinien
et que les colons israéliens devront être évacués. Ils essaient de
renforcer leur position, d’avoir plus de logements et de mobiliser le
plus de soutien. »

Les représentants de l’ambassade américaine n’avaient aucune information
sur la légalité du projet selon la loi étasunienne, mais ont dit que
l’expansion des colonies va contre la politique américaine. Le
porte-parole Stewart Tuttle a dit qu’acheter des logements en
Cisjordanie serait un « risque énorme » étant donné les inconnues sur le
contenu d’un accord final.
Tuttle a ajouté que l’ambassade avertit les citoyens contre les voyages
dans ces zones. « Ce qui comprend une mise en garde contre le fait d’y habiter »,
a-t-il dit.

3 mars 2007 - Ha’aretz - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Diffusé par : Bulletin-Palestine@yahoogroupes.fr
Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Bouché

Lire aussi :
- Les colons appellent les Juifs américains à acheter des maisons en Cisjordanie


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