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Le violoniste de l’Intifada

mercredi 14 mars 2007 - 19h:55

Sophie de Kepper

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Palestine. Ramzi Aburedwan est devenu à vingt-sept ans un virtuose international. Il vient d’ouvrir une école de musique dans son pays. Portrait.

Seuls sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées, Ramzi Aburedwan échange quelques notes avec une amie altiste. La répétition pour le concert de l’Ensemble orchestral de Paris, en janvier dernier, s’achève. Mais les deux musiciens s’acharnent à trouver le juste tempo. La semaine précédente, Ramzi foulait le sol des rues de Ramallah.

Là-bas, loin des dorures et du velours carminé des hauts lieux du spectacle, il enseigne la musique à des enfants défavorisés. Une maison ottomane réhabilitée lui sert d’office dans un vieux quartier de la ville. Le projet de Ramzi et de son association française Al Kamandjati s’est concrétisé. Cinq ans après sa fondation à Angers, en France, elle a permis à quelque 6 000 enfants d’apprivoiser un instrument. Avec ses acolytes, il parcourt la Palestine. Pinçant parfois ses cordes devant le mur qui sépare Israël de la Cisjordanie. Ils offrent des ateliers et des concerts aux enfants des camps de réfugiés. Cela dépend du bon vouloir des soldats israéliens qui retiennent le cortège aux check-points. « C’est déjà arrivé qu’on nous empêche de passer, alors que des enfants nous attendent de l’autre côté, se désole Ramzi. Quand on arrive enfin à négocier, il est trop tard. Les mômes sont rentrés chez eux. » Avec le temps, ils ont appris à « gruger ». Avant chaque départ, l’orchestre voyageur se réunit pour convenir des réponses à fournir aux contrôles à l’aéroport de Tel-Aviv.

Avec ses petits poings, il tambourinait sur les tables de l’école. Reproduisant tant bien que mal les rythmes de la musique orientale qui colorait sa vie au camp d’Al-Amari, près de Ramallah. Sa rencontre avec un musicien palestinien, à dix-sept ans, le plonge dans un autre univers. « Parce qu’il a de grandes mains », Ramzi opte pour l’alto, et la musique classique. Il ne se sépare plus de son son meilleur ami. Celui qu’il pince en pizzicato le soir dans son lit.

Ramzi est doué. Son premier concert, il le donnera au bout d’un mois. « C’était Frère Jacques, avoue-t-il. Je me sentais tellement ridicule, parce que ce sont des airs qui ne veulent rien dire pour nous. » Bientôt, l’adolescent part aux États-Unis pour un stage, puis au conservatoire d’Angers où il obtient une bourse. Il séjournera huit ans en France, retournant tous les étés en Palestine. Et le voilà, le virtuose tenant entre ses mains l’instrument de sa réussite. Ramzi a joué au « paradis de la musique classique », à l’orchestre philharmonique de Berlin. Et l’Auditorium de Rome s’apprête à composer un opéra sur l’histoire du prodige. Après l’alto, le musicien devra se mettre à l’italien.

L’Humanité, édition du 13 mars 2007


L’Association Al Kamandjâti

Al Kamandjâti est une association française à but non lucratif (loi 1901) fondée en octobre 2002 et reconnue comme Association palestinienne depusi septembre 2004. Al Kamandjâti a été fondé par Ramzi Aburedwan, originaire du camp d’Al Amari (Ramallah), ancien étudiant du conservatoire d’Angers (France) et à présent artiste renommé.

L’objectif d’Al Kamandjâti est de mettre en place des écoles de musique pour les enfants palestiniens, en particulier les plus vulnérables d’entre eux : ceux qui vivent dans les camps de réfugiés.

Au bout d’une expérience d’un an d’enseignement régulier au Centre de musique Al Kamandjâti (en basse ville de Ramallah), et à travers des ateliers dans des villages (Deir Estiah, Deir Ghassan et Beit Rima), dans plusieurs camps de réfugiés (Ayda, Azzah, Al Amari, Jalazoun et Qalandiah) et dans la vieille ville de Jérusalem, ce sont 250 enfants qui ont bénéficié des programmes de l’ Association Al Kamandjâti.

Consulat général de France à Jérusalem-Ouest

Visitez le site de l’association Al Kamandjâti et celui du groupe Dal’Ouna.


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