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Un mieux pour la liberté de mouvements dans la bande de Gaza

jeudi 2 juin 2011 - 08h:11

IRIN - Ma’an

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L’ouverture de Rafah le 28 mai, le seul passage frontalier officiel entre la bande de Gaza et l’Égypte, a lancé une bouée de sauvetage aux Palestiniens qui vivent dans la bande de Gaza, mais certains, pour la plupart des réfugiés, sont toujours limités à leurs localités en raison de leur manque de papiers d’identité.

Les Palestiniens ont été autorisés à passer librement de Gaza vers l’Égypte, par Rafah, pour la première fois depuis quatre ans. La décision marque un virage énorme dans la politique étrangère égyptienne initiée depuis la chute du président Hosni Mubarak, et représente une issue décisive pour les un million six cent mille personnes piégées à l’intérieur des frontières de la bande de Gaza depuis juin 2007.

Le passage avait été partiellement ouvert en mai dernier après la mort de militants internationaux à bord d’une flottille qui tentait de briser le siège. L’ouverture avait été effective pendant cinq jours, de midi à 16 h, mais seulement pour les détenteurs de passeports étrangers, pour les Palestiniens ayant des visas étrangers et pour les malades.

Les restrictions ont créé des difficultés incroyables aux Palestiniens qui voulaient entrer en Égypte, même pour des raisons médicales justifiées. D’avril 2011 à ce jour, environ 2100 Palestiniens qui voulaient entrer en Égypte ont été refoulés pour des raisons non spécifiées, selon le bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA).

Selon les nouvelles règles, toute femme, tout mineur et tout homme de moins de 18 ans et de plus de 40 ans, peut passer librement, sans visa, six jours par semaine, de 9 h à 16 h.

Mohamed Matar, 39 ans, commerçant à Rafah, qui est parmi les milliers de personnes à faire la queue au passage ce samedi 28 mai, espérant sortir de Gaza, dit :

« J’aurai mes 40 ans en octobre, mais je vais quand même essayer. Ma maman est en Égypte et est gravement atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle a 80 ans, et pas un de ses fils n’est avec elle. Nous sommes tous ici dans la bande de Gaza.

« Quand je lui ai parlé au téléphone, elle m’a paru très fatiguées et très affaiblie. J’ai peur qu’elle meure. Si je traverse la frontière demain, au moins, je pourrai être avec elle pendant une semaine, alors elle me reconnaîtra. »

Tout le monde n’est pas satisfait

Ce ne sont pas tous les Palestiniens qui sont optimistes. Pour les hommes de 18 à 40 ans, la réouverture ne change pas grand chose. A moins de prouver qu’ils ont une place dans une université à l’étranger ou un visa étranger, ils restent coincés dans la bande de Gaza.

Il y a aussi des centaines de Palestiniens sans papiers d’identité dans Gaza, pour la plupart des réfugiés, qui ne peuvent partir. Bien qu’Israël se soit retiré officiellement de la bande de Gaza an 2005, il a gardé le contrôle des frontières maritimes, aériennes et de la plus grande partie des frontières terrestres. Il garde aussi la mainmise sur le registre de sa population, et notamment sur l’émission des numéros des cartes d’identité palestiniennes sans lesquelles il est impossible de voyager.

Sana Easa, 39 ans, n’a pas vu sa famille au Caire depuis qu’elle est venue à Gaza pour épouser Salah, il y a douze ans. Tous les deux ont besoin d’un traitement médical introuvable dans les hôpitaux de la bande de Gaza, mais même avec la nouvelle politique à Rafah, ils sont coincés.

Sana est palestinienne, mais elle est née au Caire et y a vécu la plus grande partie de sa vie. Ses parents ont quitté Gaza en tant que réfugiés en 1967. Son passeport égyptien a expiré en avril 2004 et pour le renouveler, elle doit se rendre en personne au Caire. Elle attend toujours son numéro de carte d’identité palestinienne qu’elle a demandé il y a... 12 ans.

« La dernière fois que j’ai essayé de passer à Rafah, avec mon époux, c’était en mai 2010 » dit-elle. « Nous sommes arrivés à la frontière palestinienne à 16 h, et sur le côté égyptien à 23 h. Les officiels égyptiens ont dit à mon époux et à mon fils qu’ils pouvaient passer, mais à moi, ils ont dit que, parce que mes documents de voyages égyptiens avaient expiré et que je n’avais pas de carte d’identité palestinienne, il me fallait rebrousser chemin.

« A une heure du matin, nous avons décidé de rentrer à la maison tous ensemble. Mon époux a refusé d’aller seul en Égypte pour se faire opérer. Il restera malade et il a toujours besoin d’aide. Ce fut une catastrophe. Et cette nouvelle ouverture ne veut rien dire pour moi, parce que je connais ma situation. »

La frontière a été ouverte à 10 h, heure locale, le 28 mai, et en 90 minutes, 200 Palestiniens sont passés en Égypte. Les voyageurs venant en sens inverse ont parlé d’énormes changements du côté égyptien de la frontière.

« C’est incroyable. A toute personne qui arrivait au terminal, ils tamponnaient juste le passeport, et ils la laissaient entrer, comme ça. Je suis originaire de Gaza et j’ai un passeport noir, mais il y a de nombreux passeports différents pour passer - des jaunes, des bleus, des rouges. Il y a une énorme différence. » déclare Hamad Yusef à IRIN.

Les préoccupations israéliennes écartées

Écartant les préoccupations des Israéliens à propos de menaces accrues sur la sécurité à leurs frontières, Ghazi Hamad, directeur des passages frontaliers de la bande de Gaza, affirme que le Hamas et l’Égypte ont prouvé - au cours des quatre dernières années durant lesquelles ils ont géré le passage de Rafah sans la surveillance de l’Union européenne ou d’Israël - qu’ils pouvaient opérer dans le respect des règles internationales. Prétendre que des armes, de la drogue et des criminels avaient passé clandestinement la frontière est fallacieux, dit-il.

« C’est un jour très important pour la bande de Gaza. Pendant quatre ans, nous avons vécu sous un siège. Maintenant, tous nos problèmes ne sont pas résolus, mais il y a un mieux.

« Nous sommes en pourparlers avec les Égyptiens et nous espérons que les restrictions maintenues pour les hommes de 18 à 40 ans vont être bientôt levées. »

Les Israéliens objectent devant la réouverture que les militants du Hamas vont faire passer des armes dans la bande de Gaza par Rafah.

Voir aussi :

- A compter de samedi, la frontière entre Gaza et l’Égypte sera ouverte de façon permanente - Al Jazeera

Rafah, le 1er juin 2011 - Ma’an - traduction : JPP


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