16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Le blocus israélien sur Gaza se lézarde

vendredi 13 mai 2011 - 07h:37

Noura Erakat

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Le blocus imposé au territoire côtier discrédite la diplomatie passée, et les suites de la révolution en Egypte font espérer que ce siège soit brisé.

JPEG - 49 ko
Le « blocus » de Gaza c’est aussi cela : une violation constante de toutes les conventions internationales sur le respect des populations civiles lors des conflits. Le silence des nations face au sionisme criminel a des conséquences qui interrogent AUSSI ceux qui se taisent - Photo et commentaire tiré de : http://socio13.wordpress.com/2008/0...

L’Egypte a annoncé qu’elle allait ouvrir sa frontière avec Gaza et sur une base permanente, mettant ainsi fin à la collaboration égyptienne avec le blocus imposé par Israël. Le ministre des Affaires étrangères par intérim, Nabil al-Arabi, a qualifié le soutien au blocus par l’ancien régime égyptien comme « honteux. » Bien que les responsables israéliens aient réagi à cette annonce en s’alarmant, ils ont une capacité limitée à contrarier ce qui est la prérogative du nouveau gouvernement égyptien.

Depuis la capture du soldat israélien Gilad Shalit en juin 2006 [par la résistance palestinienne], le passage de Rafah a été interdit aux Palestiniens dans la bande de Gaza, à l’exception des « cas humanitaires extraordinaires » [dont la définition dépend totalement du bon vouloir de l’occupant israélien - N.d.T]. En juin 2007, après que le Hamas ait évincé le Fatah, Israël a imposé un blocus naval sur la bande de Gaza et scellé ses cinq postes frontaliers avec le territoire. La fermeture par l’Egypte du passage de Rafah a fait en sorte que le siège soit complet, et le territoire de 360 miles carré a effectivement été coupée du reste du monde.

L’impact dévastateur du blocus sur la population de 1,5 million de Gaza, où la dépendance vis à vis de l’aide alimentaire est montée à 80 pour cent, est vu comme une crise humanitaire par un large éventail d’organisations internationales de défense des droits humains ou humanitaires - dont Human Rights Watch, l’UNRWA, Amnesty International et l’Organisation mondiale de la Santé.

Sous la présidence d’Hosni Moubarak, l’Egypte n’a ouvert partiellement la frontière de Rafah qu’en réponse à des crises exceptionnelles, comme lors de l’hiver 2008/2009 au moment de l’offensive israélienne contre Gaza et au lendemain du raid mortel d’Israël contre la flottille humanitaire en juin 2010. La fermeture de Rafah a démontré un intérêt partagé entre Moubarak et Israël pour saper l’autorité du mouvement Hamas.

Le gouvernement égyptien qui a succédé à la révolution veut renverser cette politique - comme en témoignent son succès remporté en parrainant un accord d’unité entre le Fatah et le Hamas et, peu de temps après, son annonce qu’il mettra fin à la fermeture de Rafah. La décision de l’Égypte fait référence aux accords suspendus depuis 2007 et s’appliquant au passage des frontières.

La décision de l’Égypte est un retour au statu quo ante

Selon l’Accord sur les déplacements et l’accès (AMA), négocié par les États-Unis et l’Union européenne pour faciliter le transfert du contrôle sur la frontière sud, du gouvernement d’Israël à l’Autorité palestinienne après le retrait unilatéral par Israël de ses colonies dans Gaza, l’Egypte est autorisée à contrôler la de passage de Rafah sur son côté de la frontière et en coopération avec l’Autorité palestinienne.

Suite à des luttes internes en 2007, dans lesquelles les forces du Hamas ont été réprimées en Cisjordanie mais où ce mouvement a pris le contrôle de la bande de Gaza, l’accord négocié avec l’Egypte et la participation de l’Union Européenne sur le passage frontalier a été suspendu, mais pas annulé.

La mission d’assistance frontalière de l’UE à Rafah (EUBAM), déployée pour appuyer un transfert en douceur de l’autorité sur la frontière, a conditionné sa présence à une coopération avec la Force 17 de Mahmoud Abbas, ou Garde présidentielle. Depuis l’éviction du Fatah de la bande de Gaza, l’EUBAM « a conservé sa capacité opérationnelle et est restée en attente d’une solution politique et est prête à renouer le dialogue. »

L’EUBAM a reconduit sa mission à quatre reprises depuis sa suspension en 2007, montrant ainsi la volonté de l’Union Européenne de coopérer avec l’Autorité palestinienne et attendant une solution politique entre les partis politiques palestiniens rivaux. A la fin du mois de mars, le responsable de l’EUBAM a réaffirmé à l’ambassadeur d’Egypte en Israël la disponibilité de la mission à reprendre ses activités à Rafah.

Sans doute, la réconciliation Fatah-Hamas élimine-t-elle les obstacles entre une coopération UE-Egypte au passage de Rafah.

Aussi vague qu’il puisse être, l’accord entre le Fatah et le Hamas annonce la réorganisation des forces de sécurité palestiniennes et donne comme mandat de mettre fin au siège et au blocus de Gaza. Bien que les hostilités entre les partis rivaux existent toujours, des obstacles techniques empêchant l’ouverture du passage de Rafah ont été surmontés.

En conséquence, la décision de l’Egypte d’ouvrir le passage de Rafah est en rapport avec les accords existants et le signe d’un retour au statu quo ante. Israël ne peut guère contester cette politique pour des raisons juridiques et l’état sioniste n’a aucune crédibilité politique à vouloir maintenir un blocus par la force.

Israël n’a aucune crédibilité politique pour maintenir le blocus de Gaza

Alors que 29 sénateurs démocrates ont exhorté le président Barack Obama à suspendre l’aide américaine à l’Autorité palestinienne [AP] si le Hamas intégrait un gouvernement de l’AP, le soutien européen et international pour un gouvernement d’unité parait solide.

Le 6 mai, l’UE a annoncé qu’elle verserait un montant supplémentaire de 85 millions de dollars d’aide afin de soutenir l’Autorité palestinienne, suite à la retenue par Israël de 105 millions de dollars de recettes fiscales appartenant aux Palestiniens. De même, le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon - avec une coalition de pays donateurs - a demandé instamment à Israël de débloquer les fonds palestiniens.

L’émissaire de l’Organisation des Nations Unies au Moyen-Orient, Robert Serry, a qualifié le gouvernement d’unité de « bien tardif », ce qui démontre le soutien international général pour un gouvernement d’union nationale incluant le Hamas.

Un soutien international similaire existe pour mettre fin au blocus de Gaza. Surtout depuis le raid israélien meurtrier sur la flottille pour Gaza en mai 2010, le soutien pour le siège n’a cessé de diminuer. Au lendemain de l’attaque mortelle dans les eaux internationales, même les États-Unis ont décrit le blocus d’Israël comme « intenable » et ont appelé Israël à changer sa politique envers Gaza.

La Maison Blanche soutient non seulement un assouplissement du siège, mais elle soutient également le nouveau gouvernement égyptien. Peu après le départ du président Moubarak, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’est rendu en Egypte pour donner son aval au nouveau gouvernement à qui elle a promis soutien diplomatique et aide économique. Même si cela ne peut être exclu, il est peu probable que les Etats-Unis contestent la décision de l’Egypte.

Enfin, en Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas l’appui politique nécessaire pour prendre des risques importants. La chef de l’opposition, Tzipi Livni, a accusé Netanyahu d’isoler Israël et a déclaré que son parti Kadima ne se joindrait pas à une coalition dirigée par Netanyahu. Livni s’oppose également au gouvernement palestinien d’union nationale, mais elle explique en même temps « qu’il y a une différence entre défendre Israël et aider à la survie d’un premier ministre qui affaibli le pays. »

Dans un contexte d’un large soutien international pour le gouvernement palestinien d’unité, d’un sentiment de frustration à cause de la poursuite du blocus, d’un fort soutien pour le nouveau gouvernement égyptien, et des difficultés internes auxquelles fait face Netanyahou, il est peu probable qu’Israël puisse mobiliser d’importantes forces politiques pour s’opposer à la nouvelle politique égyptienne, ni avoir recours à la force pour empêcher l’ouverture du passage de Rafah.

Encouragé par son impunité, la couverture offerte par l’instabilité politique dans la région et le désir de réaffirmer son avantage militaire dans la région, Israël peut néanmoins décider de répondre militairement à la réouverture du passage frontalier. Mais même s’il n’a pas recours à la force à Rafah, il pourra brandir ses prouesses militaires en attaquant la flottille internationale qui prendra prochainement le direction de Gaza à la fin juin. Mais le choix d’Israël de recourir à la force, sans une menace tangible militaire, ne fera que fragiliser encore plus sa légitimité déjà bien atteinte.

Israël n’a guère d’autre choix que d’exiger des États-Unis qu’ils agissent en son nom. Bien que le Congrès américain ait déjà démontré sa bonne disposition, l’administration Obama n’a pas encore décidé si elle devait à nouveau intervenir dans cette séquence d’évènements au Moyen-Orient - une région où les intérêts des États-Unis continuent de peser dans la balance.

9 mai 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/indept...
Traduction : Abd al-Rahim


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.