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La réconciliation palestinienne et le rôle de l’Egypte

samedi 30 avril 2011 - 08h:37

Khaled Amayreh - Al Ahram

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Sous médiation de l’Egypte, des progrès rapides ont été faits vers la réconciliation, en même temps que les mouvements palestiniens s’acheminent vers une demande de reconnaissance d’un Etat devant l’Assemblée Générale des Nations Unies en septembre, écrit Khaled Amayreh depuis Ramallah.

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Ismaïl Haniyeh et Mahmoud Abbas, au moment de l’éphémère gouvernement palestinien en 2007

En dépit de ses préoccupations internes après la révolution qui a renversé le dictateur Hosni Moubarak, l’Egypte veut réaffirmer son rôle central dans les efforts pour une réconciliation palestinienne.

La direction intérimaire égyptienne s’est réunie avec les dirigeants palestiniens représentant l’Autorité palestinienne [AP de Ramallah], le Hamas et d’autres organisations de premier plan.

L’ambassadeur de l’Egypte auprès de l’AP, Ahmed Othman a rejeté cette semaine les affirmations selon lesquelles l’Egypte était trop occupée par ses problèmes internes pour s’impliquer dans la lourde tâche de restaurer l’unité nationale palestinienne. « L’Egypte a parlé avec toutes les organisations palestiniennes et a l’intention de redoubler d’efforts pour convaincre ces organisations de mettre fin à la division une fois pour toutes », a-t-il dit.

Othman a ajouté que les résultats des efforts égyptiens reposaient en définitive sur la volonté des Palestiniens de mettre fin aux fractures actuelles et de restaurer l’unité nationale. « Ce dont nous avons besoin, c’est d’efforts concertés pour atteindre le résultat souhaité », a-t-il encore déclaré.

Selon des sources en provenance de la bande de Gaza, des préparatifs sont en cours pour une visite au Caire d’Ismail Haniyeh, le premier ministre du gouvernement [élu] dirigé par le Hamas à Gaza. Ces sources soulignent que la question n’était pas de savoir si la visite aura lieu, mais quand elle aura lieu.

« Les interdits qui empêchaient cette visite d’Haniyeh au Caire à l’époque de Moubarak n’existent plus. Le Caire ne s’oppose plus à cette visite pour une question de principe, comme ce fut le cas lorsque Moubarak était au pouvoir. Moubarak craignait de fortes réactions israéliennes et ne voulait pas déplaire aux Américains. Mais maintenant, la nouvelle direction au Caire se fout de ce qu’Israël et ses alliés pensent de ce que fait l’Égypte par rapport au Hamas », a déclaré Ahmed Youssef, ancien conseiller politique de Haniyeh.

En plus du thème principal qui est la réconciliation palestinienne, les responsables égyptiens sont disposés à discuter de la coopération en matière de sécurité avec le Hamas, de la lutte contre le terrorisme et du contrôle des frontières. Haniyeh a l’intention de soulever une foule d’autres questions avec ses interlocuteurs égyptiens, y compris les importations de carburant et d’électricité depuis l’Egypte ainsi que des possibilités de circuler à travers le passage frontalier de Rafah.

« Haniyeh veut libérer ses compatriotes de l’emprise cruelle d’Israël. Comme vous le savez, Israël a pris 1,6 million de personnes en otage à Gaza, lesquelles sont soumises à ses caprices et à sa cruauté », a déclaré un porte-parole du gouvernement islamiste à Gaza.

Il est largement admis que l’Egypte est maintenant plus réceptive aux plaintes présentées par les Palestiniens dans la bande de Gaza et dues principalement au blocus imposé depuis quatre ans sur l’enclave côtière après l’éviction de forces de l’AP par le Hamas en 2007.

Tous les efforts visant à combler les différents entre le Hamas et le Fatah ont échoué en raison d’une foule de facteurs : une méfiance réciproque, les interventions étrangères et les différences politiques et idéologiques. Les deux groupes ont également cherché à faire taire les partisans et sympathisants de l’autre groupe dans leurs zones respectives de contrôle.

Israël et les Etats-Unis ont averti à plusieurs reprises le régime basé à Ramallah qu’une réconciliation avec le Hamas aurait des conséquences négatives. L’AP dépend en effet des centaine, sans lesquels le régime de Ramallah ne sera pas en mesure de payer les salaires de dizaines de milliers de fonctionnaires et d’autres employés, notamment des membres des agences de sécurité [milices] de l’AP.

L’aide financière à l’Autorité palestinienne doit être approuvée par le Congrès américain qui est soumis à une très forte pression du lobby juif américain. Mais les révolutions dans le monde arabe, en particulier en Egypte, semblent avoir transformé le climat politique général dans la région, y compris jusqu’à Ramallah et dans la bande de Gaza.

Les observateurs dans les territoires palestiniens sous occupation israélienne affirment que le Hamas et le Fatah ne peuvent plus se comporter l’un vis-à-vis de l’autre en utilisant les anciens modes de pensée et qu’ils auront à tenir compte de ce que l’intellectuel palestinien Ahmed Sameh Al-Khalidi appelle le « zeitgeist » [littéralement : l’esprit du temps] ou nouvel esprit dans le monde arabe, car ils auraient trop à y perdre.

L’Autorité palestinienne a fait savoir qu’elle allait demander officiellement aux Nations Unies la reconnaissance d’un Etat palestinien sur les territoires occupés par Israël en 1967, ce qui inclut la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza. Par conséquent, la direction de l’AP estime qu’une réconciliation rapide avec le Hamas renforcerait considérablement sa position vis-à-vis de la communauté internationale et vis-à-vis de l’occupant israélien.

En plus de ces efforts égyptiens, des groupes civiques en Palestine occupée ont pris des initiatives marquantes pour obtenir du Hamas et le Fatah qu’ils se réconcilient. L’une des personnalités publiques qui ont été activement impliquées dans ces efforts est l’homme d’affaires palestinien Munib Masri. Il a déclaré lors d’une réunion publique à Ramallah la semaine dernière qu’une conférence sur la réconciliation politique aura lieu cet été afin de mettre un terme une fois pour toutes à la scission entre le Fatah et le Hamas.

Des dizaines d’intellectuels, de dirigeants de la société civile [responsables associatifs], de militants politiques comme de personnalités indépendantes ont assisté à cette réunion publique à Ramallah. Masri a déclaré que la réconciliation nationale était nécessaire parce qu’elle était « la mère de toutes les priorités palestinienne sans laquelle rien n’ira de l’avant ».

Selon un document distribué et approuvé par les dirigeants de la société civile, des personnalités publiques et des intellectuels impliqués dans les efforts pour une réconciliation nationale, la conférence envisagée - à laquelle toutes les factions palestiniennes prendront part - aura lieu dans « le foyer des Arabes » - une référence à Caire.

« La conférence sera faite de phases de courte durée qui commenceront au point où la discussion précédente se sera arrêtée. Elle mettra l’accent sur les questions restées litigieuses et prendra en considération les changements révolutionnaires dans le monde arabe, leurs ramifications et leurs répercussions sur la situation palestinienne. »

Le document distribué souligne la nécessité de former un gouvernement d’unité nationale sur la base d’un vaste programme politique bénéficiant de l’appui du peuple palestinien. Ce document appelle aussi à la réactivation et au plein fonctionnement du Conseil législatif palestinien jusqu’à ce que de nouvelles élections législatives et présidentielles aient eu lieu, ainsi que des élections pour le Conseil national palestinien.

Du même auteur :

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28 avril 2011 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2011/104...
TRaduction : Abd al-Rahim


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