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Bethlehem : « L’artisanat local affronte des risques sérieux. »

lundi 12 mars 2007 - 14h:23

Najeb Farrah - Palestine Times

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BETHLEHEM - L’artisanat local, qui utilise souvent du bois d’olivier, dépend du renouveau du secteur du tourisme dans les territoires palestiniens.

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Atelier à Bethlehem

C’est particulièrement le cas à Bethlehem, lieu de naissance du Christ. « Les affaires de l’artisanat ont beaucoup souffert après qu’ait éclaté la Deuxième Intifada en 2000, à cause du siège et du bouclage des villes palestiniennes par les Israéliens aussi bien que de la réduction du nombre de touristes étrangers qui venaient à Bethlehem pour la saison des vacances. » disait Zakharia Zakharia, 50 ans, propriétaire d’une fabrique artisanale à Bethlehem.

Zakharia, qui dirige l’entreprise avec son frère, a appris le métier avec son père et son grand-père. Son père a construit l’atelier en 1952, derrière l’Eglise de la Nativité.

« Ce qui fit empirer les choses, c’est le siège de l’Eglise de la Nativité en 2002, lorsque de nombreux Palestiniens, recherchés par les militaires israéliens, y ont été assiégés pendant 40 jours d’affilée. » dit-il. « La plupart des personnes assiégées ont été alors déplacées aussi bien hors des territoires qu’à Gaza. Ce qui a provoqué une perturbation des marchés d’objets d’art ancien orientaux. »

« La dernière saison de Noël a témoigné de quelques progrès et nous espérons la guérison du secteur du tourisme. » ajouta Zakharia. « Mais avec le déclenchement de la guerre au Liban beaucoup de touristes ont annulé leurs réservations. » « Mais nous fonctionnons toujours et nous nous préparons à la prochaine saison » dit-il. « Les ouvriers font de leur mieux pour produire le plus grand nombre d’objets d’artisanat et de sculptures et nous espérons que l’an prochain sera meilleur ! »

L’atelier de Zakharia compte quinze ouvriers, tous artisans professionnels, et il en est fier. Dans le bureau de Zakharia il y a beaucoup de tableaux et de sculptures mais son tableau préféré est celui qui montre le Christ lavant les pieds de ses douze disciples. « Cette ?uvre a demandé un effort important », dit-il, « Il a fallu trois semaines au peintre, jour après jour, pour l’achever. C’est une peinture magnifique et très chère » « Quand le défunt président Yasser Arafat était assiégé dans son quartier général par les militaires israéliens, je suis allé le voir avec une délégation d’artisans de Bethlehem, mise sur pied par la Chambre de commerce. Nous voulions le soutenir et lui donner du courage, alors nous lui avons offert une sculpture artistique qui ressemblait à un lion en bois d’olivier . »

« Arafat emporta aussi deux de mes créations quand il alla rendre visite au Pape Jean-Paul II. L’une des peintures avait pour sujet le « repas secret » avec Jésus (la Cène ?) et l’autre, la naissance de Jésus. Le Musée du Vatican contient cinq pièces provenant de ma manufacture. Elles portent l’inscription « made in Bethlehem ». »

« Il y a des tentatives pour inciter quelques institutions internationales et des compagnies à venir voir l’artisanat palestinien. » dit-il. « L’un de ces essais a été le fait du Père Ibrahim Faltas, l’un des fonctionnaires du Patriarcat Latin. Il réussit à attirer des représentants de la firme italienne COOP, qui vend à présent ce type d’objets artisanaux dans un millier de magasins en Italie. »

Zakharia, qui dirige aussi la Bethlehem Crafts Association, ajouta qu’Israël constitue le plus grand obstacle aux affaires. Les autorités israéliennes prennent le commerce pour cible en créant des difficultés aux touristes qui cherchent à se rendre à Bethlehem, soit par le siège lui-même, soit en dissuadant les touristes d’y aller sous prétexte que ce n’est pas sûr.

« Parfois les touristes acquiescent à de telles rumeurs, et préfèrent rester en Israël et passer la nuit dans ses hôtels. Selon des statistiques produites par la Crafts Association, environ un million de personnes viennent en Israël en un an, dont 150000 à Bethlehem. La plupart de ceux qui viennent à Bethlehem retournent dormir en Israël. Il y a d’autres risques, ainsi la pénurie imminente d’oliviers en Palestine, du fait du manque de terres cultivées, puisque la plus grande partie de la terre a été confisquée par Israël pour construire le mur dans les Territoires occupés. »

« Les artisans font venir leur bois de Naplouse et de Ya’bad, un village près de Jenine, mais à cause du Mur, et des restrictions imposées aux fermiers, ils ne peuvent pas aller sur leurs terres et y chercher du bois, ou planter de nouveaux arbres. La quantité de bois d’olivier disponible s’amenuise. »

« S’il n’y avait pas suffisamment de ce bois, nous serions obligés d’en importer de l’étranger, de Tunisie par exemple. Ce qui ferait s’élever les coûts de production, en plus des obstacles à l’importation que nous affrontons. »
« Dans la ville de Beit Sahour, il n’y a pas de rue sans boutique d’artisan » dit Ibrahim Owda, propriétaire d’un atelier. « La plupart de ces échoppes sont de petits ateliers installés aux étages inférieurs des maisons et des immeubles. Il y en a environ 200. »

« Les habitants de Beit Sahour survivent grâce au commerce, bien qu’on l’appelle à présent « commerce de la faim » car nous traversons une période vraiment dure » dit Owda.

« Cette activité est liée à la stabilité politique » dit-il. « Si la sécurité est assurée, alors le commerce renaîtra de manière significative. »

« Le problème, c’est que la concurrence est importante, que ceci mène à des effets négatifs et que la qualité se détériore. Mais c’est parce qu’il n’y a aucun contrôle sur les produits de la part du Ministère du tourisme ou de tout autre ministère. »

« Le ministère ne doit pas intervenir directement dans l’industrie du bois d’olivier et ce n’est pas de notre responsabilité. », répond Jawda Markas, ministre du tourisme. « Nous nous intéressons particulièrement aux plaintes des touristes, si les prix sont élevés, ce genre de choses. Le ministère peut devenir un point d’appui si nous nous entendons avec les commerçants et si nous mettons sur pied un plan destiné à amener plus de touristes à Bethlehem. »

5 mars 2007 - Palestine Times
Traduction : Michel Zurbach


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