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Libye : bientôt le bourbier ?

jeudi 21 avril 2011 - 06h:36

Abdel Bari Atwan

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Dans l’édition d’hier du Parisien, le ministre de la Défense français Gérard Longuet a exprimé l’opinion surprenante que la guerre en cours en Libye pourrait continuer pendant plusieurs mois et que les forces aériennes de l’OTAN ne peuvent agir efficacement dans les zones urbaines de guerre.

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Hillary Clinton doit commencer à trouver cette affaire libyenne un peu saumâtre... Si Cameron et Sarkozy continuent de piétiner face à leur homologue Khadafi, va-t-il falloir passer à la vitesse supérieure ?

Ce qui rend cette déclaration surprenante est que les dirigeants de l’OTAN nous avaient assuré que l’intervention militaire en Libye serait une opération rapide, aisée, qui aurait pour conséquence le renversement de Mouammar Kadhafi et selon toute vraisemblance, son départ de Libye.

L’OTAN a suscité des espoirs parmi les révolutionnaires libyens pour une conclusion rapide de la guerre, mais ce qui s’est passé est exactement à l’opposé. Le major-général Yunus al-Ubaydi avait raison quand il s’est plaint de la réticence des forces de l’OTAN à soutenir les révolutionnaires face aux bataillons d’al-Kadhafi, et à reconquérir les zones pétrolières avec Al-Burayqah, Lanuf Ra’s et d’autres villes.

La guerre aérienne a atteint son objectif d’empêcher le régime Kadhafi de commettre des massacres contre des civils à Benghazi et dans d’autres villes, en bombardant les bases militaires du régime, ses pièces d’artillerie et ses radars. L’OTAN a réussi à neutraliser la force aérienne de Kadhafi. Après que ces objectifs aient été détruits, on s’attendait à ce que l’OTAN passe à la phase cruciale de l’armement des révolutionnaires en même temps qu’à l’envoi de forces au sol. Mais cela ne s’est pas produit à ce jour.

La situation s’est maintenant transformée en une série de zones de guerre, principalement urbaine, entre les révolutionnaires et les forces du régime dictatorial. Il est difficile pour l’OTAN de soutenir les révolutionnaires depuis le haut. Des forces terrestres, appuyées par des chars, pourraient accomplir cette mission mais le commandement de l’OTAN est hésitant à cet égard. Le Ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a affirmé que son pays n’enverrait pas de forces d’occupation en Libye comme ce fut le cas en Irak et en Afghanistan.

Les Etats occidentaux ont peur de s’enliser dans les sables mouvants et brûlants de la Libye. Ils savent très bien qu’ils perdront un grand nombre de leurs hommes dans n’importe quelle guerre terrestre - étant donné la géographie de la Libye, ce pays étant comme un petit continent, disposant de frontières communes avec au moins six Etats arabes et africains et un littoral de près de 2000 km fait de longues côtes. Peut-être est-ce ce qui a incité le chef du service allemand de renseignement extérieur, Ernst Uhrlau, à estimer peu probable que le régime libyen ne disparaisse dans un proche avenir. Il a également observé que le conflit était aujourd’hui dans l’impasse.

Cette impasse, encouragée par l’indécision, est vraiment la situation la plus dangereuse qui ne profitera à personne, sauf au régime du colonel Kadhafi, lequel escompte que le temps puisse jouer en sa faveur. Toutefois, Le colonel Kadhafi se trompe s’il croit finir par triompher car la majorité du peuple libyen ne veut pas de lui et de son pouvoir, et les grandes puissances militaires insistent sur le fait qu’il doit s’en aller. Par conséquent, ses chances de survie restent extrêmement minces.

* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.

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18 avril 2011 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.bariatwan.com/index.asp?...
TRaduction : Abd al-Rahim


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