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La France demande à l’UE d’assouplir les sanctions contre les Palestiniens

dimanche 11 mars 2007 - 06h:04

Michel Bôle-Richard

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Ismaïl Haniyeh, premier ministre palestinien désigné pour former le gouvernement d’union nationale qui doit être annoncé à la fin de la semaine prochaine, a lancé, vendredi 9 mars, un appel à l’Union européenne (UE) pour que cesse l’embargo. Il a fait valoir que l’accord signé à La Mecque, le 8 février, entre les deux mouvements rivaux que sont le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) et le Fatah, "reflète la volonté du peuple palestinien et fait l’objet d’un consensus national". Il a donc demandé aux membres de l’UE de "l’accepter".

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Ismaïl Haniyeh, premier ministre palestinien désigné, a lancé, vendredi 9 mars, un appel à l’Union européenne (UE) pour que cesse l’embargo. (AP/Hatem Moussa)

Jeudi soir, lors d’un dîner, le président français, Jacques Chirac, avait également demandé que le Conseil européen "salue les accords de La Mecque, dans lesquels la France voit un premier pas vers l’application des conditions du Quartet (ONU, UE, Etats-Unis, Russie)", c’est-à-dire le renoncement à la violence, la reconnaissance d’Israël et l’adhésion aux accords passés.

Après onze mois de blocus du gouvernement palestinien contrôlé par le Hamas après la victoire de cette organisation islamiste aux élections du 25 janvier 2006, Paris veut assouplir les sanctions et demande que l’UE suive cette voie. Jean-Baptiste Mattéi, porte-parole du ministère des affaires étrangères français, a déclaré, vendredi : "Nous souhaitons que, dès le départ, l’UE puisse tenir compte de tous ces éléments à la fois dans les contacts avec le gouvernement palestinien et pour l’aide européenne."

Aucune précision n’a été donnée sur la nature d’une reprise des contacts, ni sur les modalités d’un renouvellement direct de l’aide au gouvernement de coalition.

En ce qui concerne le rétablissement des relations gouvernementales, celles-ci ne pourraient avoir lieu qu’avec des ministres n’appartenant pas au Hamas, mouvement figurant sur la liste des organisations terroristes pour l’Europe. Ce serait notamment le cas de Salam Fayad, qui retrouverait le portefeuille des finances. Appartenant au parti de la Troisième voie, cet économiste apprécié des Américains deviendrait le partenaire idéal pour le renouvellement de l’aide directe aux Palestiniens.

Certes, la manne financière allouée par Bruxelles n’a pas diminué en 2006. Au contraire, elle est passée de 550 millions d’euros à environ 700 millions d’euros, selon Benita Ferrero-Waldner, commissaire aux relations extérieures. La grande différence est qu’elle a été distribuée directement à des institutions pour subvenir aux besoins humanitaires et éviter l’asphyxie économique de la population par la mise en place d’un mécanisme appelé "Temporary International Mechanism" (TIM). "Nous n’avons jamais abandonné les Palestiniens et le TIM fonctionne bien", a déclaré Mme Ferrero-Waldner.

Toutefois certaines organisations humanitaires ont dénoncé le coût financier de ce moyen détourné de soutenir la population palestinienne sans passer par son gouvernement. L’ONG Oxfam-Belgique a calculé qu’"entre août et décembre 2006 l’UE a dépensé 3 246 472 euros en frais bancaires pour transférer ces allocations à 140 000 Palestiniens", et cela pour le bonheur de la banque HSBC.

Dans un rapport publié au début de la semaine, la Banque mondiale met l’accent sur une autre conséquence du boycottage du Hamas, à savoir le manque de transparence de l’utilisation des fonds versés directement à l’Autorité palestinienne. Comme le fait remarquer un fonctionnaire international : "Toute la procédure de contrôle, d’audit et de réformes qui avait été mise en place avec les institutions précédentes ne fonctionne plus. L’embargo réduit à néant ces efforts d’assainissement."

L’Autorité palestinienne a reçu par exemple 265 millions de dollars (près de 203 millions d’euros) d’aide en provenance des pays arabes sans que l’on sache quelle utilisation a été faite de ces fonds. Le gouvernement israélien fait également remarquer qu’il a accepté de restituer 100 millions de dollars sur les 600 millions retenus illégalement (produits des taxes et des droits de douane) par représailles contre le gouvernement Haniyeh et qu’il ne sait pas si les engagements du président palestinien Mahmoud Abbas de les affecter à des fonctions spécifiques ont été respectées. C’est pourquoi aujourd’hui un courant prend forme pour retrouver un financement contrôlé de l’aide, d’autant que les sanctions ont fait mal.

Le montant total de l’aide a baissé de 1 milliard de dollars à 700 millions, le PIB a chuté, et le chômage à Gaza est passé de 29 % à 36 %, de 2005 à 2006, explique la Banque mondiale. Cette institution fournit un certain nombre de recommandations concernant la réduction du nombre des fonctionnaires et des membres des services de sécurité. A quoi cela sert-il à partir du moment où l’exécutif n’a aucune maîtrise sur son budget et sur la ventilation des sources de financement et de revenus ?

Michel Bôle-Richard, correspondant à Jérusalem - Le Monde, le 10 mars 2007


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