L’opposition libyenne et les forces pro-Kadhafi sont engagées dans d’intenses combats pour le contrôle de plusieurs villes et villages à travers la Libye, où un soulèvement qui a débuté il y a près d’un mois menace de mettre fin à la dictature vieille de 41 ans du colonel Mouammar Kadhafi.

Certains des combats les plus acharnés se déroulent dans la ville pétrolière stratégique de Az-Zawiyah, à 50 km à l’ouest de la capitale Tripoli.

« Les révolutionnaires contrôlent le centre de Zawiyah et les milices pro-Kadhafi encerclent la vile. C’est 50-50 », dit un habitant qui a fui la ville.

« Il n’y avait personne dans les rues, la ville est complètement déserte, et il y a des tireurs d’élite sur les toits », a-t-il dit, ajoutant qu’il ne savait pas de quel côté ils étaient.

Les forces pro-Kadhafi prétendent avoir conquis la ville des mains des révolutionnaires, une revendication rejetée par ceux qui se battent contre le leader libyen.

Selon des habitants, la ville a été la cible d’attaques répétées par les forces pro-Kadhafi, aidées par des chars et des avions de guerre.

Il y a également des informations faisant état de combats qui font rage dans la ville portuaire de Ras Lanuf, où une installation pétrolière est en flammes.

Jacky Rowland d’Al Jazeera rapporte depuis les premières lignes, décrivant une volée constante de tirs de mortiers et de roquettes. Le ciel est couvert d’une fumée noire, faisant du jour la nuit.

« Les milices de Kadhafi mènent une sauvage contre-offensive contre la ville de Ras Lanuf, » dit Rowland. « Les combattants insurgés sur le terrain sont vulnérables, et ils le savent. »

Les combattants insurgés sont largement inexpérimentés. Abdul Razik Bubakar, âgé de 32 ans et mécanicien automobile - qui a rejoint les forces anti-Kadhafi - a déclaré à l’agence de nouvelles AP qu’il avait appris sur le tas à utiliser un canon anti-aérien.

« Je ne connaissais rien de cela. Je viens d’apprendre en deux ou trois jours. A présent, je sais comment l’utiliser, grâce à Dieu. Maintenant, je suis très rapide pour l’utiliser, le nettoyer et le remettre en état de marche si besoin », a déclaré Bubakar.

« Peut-être que je n’ai pas assez de connaissances pour cela, mais quand je le fais, grâce à Dieu, ça marche. »

Les combats font rage alors que les révolutionnaires attendent que la communauté internationale impose une zone d’exclusion aérienne sur la Libye afin de paralyser les forces aériennes de Kadhafi.

Bien que plusieurs pays occidentaux envisagent une telle mesure, les modalités doivent encore être définis. Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine, a déclaré qu’une telle initiative devrait être guidée par les Nations Unies et non les États-Unis.

L’OTAN et l’Union européenne ont entamé ce jeudi de nouvelles négociations sur une zone d’interdiction de vol.

Au milieu de ces discussions, le colonel Kadhafi a lancé sa propre initiative diplomatique, envoyant des émissaires à Bruxelles et au Caire [où l’on voit que l’embargo sensé s’appliquer à Kadhafi et à sa clique ne parait pas s’appliquer... et où l’on se demande aussi si le pari fait en occident et ailleurs n’est pas que Kadhafi remette la main sur la Libye et ses ressources pour que l’on reprenne le business as usual - N.d.T].

Large usage de la torture

La Grande-Bretagne a condamné l’arrestation et la torture de trois journalistes de la BBC en Libye, déclarant que c’était une preuve de plus des atrocités commises par le régime de Kadhafi.

Les trois journalistes ont été soumis à des simulacres d’exécution après avoir été arrêtés lundi à un barrage à près de 10km au sud de Az-Zawiyah.

Les trois hommes ont ensuite été emmenés dans une caserne militaire à Tripoli où ils « subi des violences répétées » par les militaires pro-Kadhafi et la police secrète, avant d’être relâché 21 heures plus tard.

Un des journalistes a déclaré qu’il avait vu 10 ou 12 hommes d’Az-Zawiyah dans une cellule de prison qui avaient été « sauvagement battus », portant des signes de « torture sur leurs visages et leurs corps ».

Le cameraman Goktay Koraltan a déclaré avoir « entendu beaucoup de cris », là où il était détenu. « ... J’ai vu beaucoup de sales choses », dit-il.

Le gouvernement libyen a limité les déplacements des journalistes étrangers basés à Tripoli et a dit qu’ils ne devaient voyager qu’avec des escortes officielles.

La Russie décrète un embargo sur les ventes d’armes destinées à la Libye

La Russie a interdit toutes les ventes d’armes à la Libye, suspendant ses contrats d’armement avec le gouvernement de Mouammar Kadhafi.

Une déclaration du Kremlin publiée ce jeudi a indiqué qu’un ordre signé par Dmitri Medvedev, le président russe, « interdit les exportations de la Fédération de Russie à la Libye ainsi que la vente, la livraison et le transfert de ... tous les types d’armes et de matériels connexes, y compris des armes et des munitions, des véhicules de combat et de matériel militaire ».

Bien que la Russie ait soutenu la résolution de l’ONU adoptée le 26 février qui interdit la vente d’armes à la Libye, selon Neave Barker d’Al Jazeera, rapportant de Moscou, le décret semble être un renforcement de cet embargo.

La Russie, deuxième exportateur mondial d’armes après les États-Unis, a été l’un des principaux fournisseurs d’armes à la Libye.

Notre correspondant a déclaré que le décret est considéré comme « peut-être une avancée vraiment notable pour les Russes » car « la Libye avait été - dans la seconde moitié du 20e siècle du moins - le plus gros acheteur d’armes russes partout dans le monde ».

Un haut responsable de l’armement russe a déclaré la semaine dernière que les troubles en Libye avait coûté 4 milliards de dollars à Moscou dans ses transactions pour des armements.

Le quotidien Kommersant a cité une source la semaine passée, comme disant que la Russie avait pour une valeur de 2 milliards de dollars de contrats d’armements avec la Libye et avait été sur le point de conclure une offre pour vendre des avions militaires et des missiles anti-aériens pour une valeur supplémentaire de 1,8 milliard de dollars.

Les milices pro-Kadhafi ont lancé une attaque féroce sur Az-Zawiyah et Ras Lanuf tandis que les états occidentaux débattent de l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne.

Le Kremlin a déclaré qu’il allait inspecter toute cargaison suspecte en provenance et à destination de la Libye pour assurer le respect de l’interdiction.

Pendant ce temps l’Allemagne a gelé les comptes bancaires que le gouvernement libyen avait dans le pays, selon l’agence de nouvelles Reuters.

Le ministère de l’Economie allemand a annoncé un gel des comptes détenus par la banque libyenne centrale et par l’autorité libyenne d’investissement.

La décision fait suite à des sanctions de l’ONU contre la Libye, les actifs mondiaux de Kadhafi étant gelés en Grande-Bretagne, au Canada, aux États-Unis et en Suisse [et en France ? - N.d.T].

10 mars 2011 - Al JAzeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/a...
Traduction : Info-Palestine