Au moins six manifestants ont été tués par les forces de répression, alors que se déroule dans le pays « une journée de colère » contre la corruption et la mauvaise qualité des services.

Les revendications des manifestants concernent le droit aux services de base et le remplacement des fonctionnaires corrompus - Photos : Reuters

Des milliers d’Irakiens ont envahi les rues à travers le pays pour protester contre la corruption et le manque de services de base dans un initiative organisé à l’échelle nationale et appelée « journée de colère », inspirée par les soulèvements partout dans le monde arabe.

Dans deux villes du nord irakien, les forces de répression tenté ce vendredi de repousser les manifestants en ouvrant le feu, tuant six manifestants.

A Bagdad, la capitale, des manifestants ont renversé des murs de protection anti-explosion, ont jeté des pierres et luttaient contre des troupes qui utilisent des clubs (de base-ball).

Des centaines de personnes brandissant des drapeaux irakiens et des banderoles se sont écoulées dans le Tahrir Square à Bagdad, qui était sous haute surveillance.

Des véhicules militaires et des forces de sécurité stationnaient le long des rues autour de la place et le pont Jumhuriya à proximité était bloqué.

Jane Arraf d’Al Jazeera rapporte depuis Bagdad qu’il y a de violents affrontements entre les manifestants et la police anti-émeute sur le pont qui mène à la Zone verte.

Ahmed Rushdi, responsable de la House of Iraq Expertise Foundation, a tenté de rejoindre les manifestations à Bagdad mais il en a été empêché par l’armée.

« Ce n’est pas une manifestation politique, mais une protestation par le peuple d’Irak. Nous voulons une réforme sociale, des emplois pour les jeunes et un contrôle direct parce qu’il y a beaucoup de corruption, » a dit Rushdi à Al Jazeera.

« Si [le Premier ministre Nuri] al-Maliki ne nous écoute pas, nous allons poursuivre ces protestations. Il a dit à tout le monde que nous sommes sadamistes, mais c’est faux. Nous sommes juste le peuple irakien. »

Huit ans après l’invasion américaine qui a renversé Saddam Hussein, l’ancien dirigeant irakien, le développement dans le pays reste lent et il y a des pénuries de nourriture, d’eau, d’électricité et d’emplois.

Les manifestants ont confirmé qu’ils revendiquaient une vie meilleure et de meilleurs services de base.

« Nous sommes de jeunes hommes libres et nous ne sommes pas liés à un quelconque mouvement idéologique, mais nous exigeons nos simples revendications légitimes, telles que le droit à l’éducation et le droit à une vie décente », a déclaré Malik Abdon, un manifestant.

« Menace d’Al-Qaïda »

Le monde arabe a éclaté en manifestations visant à évincer les vieux dirigeants inamovibles et à améliorer les conditions de vie de la population, bien que les manifestations en Irak aient été davantage axées sur le manque de réponse aux besoins essentiels et sur la fin de la corruption plutôt que sur une changement de gouvernement.

Les manifestants ont défilé à travers tout l’Irak, de la ville du nord de Kirkouk jusqu’à la plaque tournante pétrolière de Bassorah.

Une foule de manifestants en colère dans la ville septentrionale de Hawija, à 240 km au nord de Bagdad, ont tenté de détruire un bâtiment municipal de la ville, a déclaré Ali Hussein Saleh, tête du conseil municipal local.

Les forces de sécurité ont voulu bloquer la foule en ouvrant le feu, tuant trois manifestants et en blessant 15, selon des responsables locaux.

L’armée irakienne a finalement été appelée pour rétablir l’ordre.

A Mossoul, également au nord de l’Irak, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment du Conseil provincial, en exigeant des emplois et de meilleurs services, lorsque les gardes ont ouvert le feu, selon un responsable de la police.

Un responsable de la police et l’hôpital ont déclaré que trois manifestants ont été tués et 15 blessés. Les responsables s’exprimaient sous le couvert de l’anonymat car ils ne sont pas autorisés à informer les médias.

Les manifestations de vendredi ont été organisées principalement par le biais de Facebook, faisant écho à des rassemblements de masse organisés par les jeunes du monde arabe par le biais de médias sociaux qui ont aidé à détrôner les dictateurs longtemps au pouvoir en Tunisie et en Egypte.

Ces dernières semaines, des manifestations avaient déjà été organisées dans les villes d’Irak. Plusieurs personnes avaient été tuées et des dizaines d’autres blessées dans des affrontements entre manifestants et forces de répression.

Al-Maliki, le Premier ministre, avait affirmé le droit des Irakiens à manifester pacifiquement, mais ce jeudi, il leur a conseillé de rester à l’écart des manifestations de vendredi en raison d’une violence possible provoquée par al-Qaïda et des membres du parti Baas (aujourd’hui interdit) de Saddam Hussein.

Des combattants seraient encore capables de mener des campagnes violentes, bien qu’affaiblies, à grande échelle en Irak malgré une baisse de la violence en général depuis le pic de la guerre sectaire en 2006-2007.

Des religieux chiites, dont les respectés Ayatollahs Ali al-Sistani et Moqtada al-Sadr, avaient également mis en garde leurs fidèles de ne pas prendre part à des manifestations le vendredi.

25 février 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Info-Palestine.net