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Khadaffi sort al-Qaeda de son chapeau

jeudi 24 février 2011 - 16h:22

D’après Al Jazeera

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Les manifestants ont pris le contrôle de la partie est du pays, tandis que la structure de l’État semble se désintégrer.

Mouammar Kadhafi, le dirigeant libyen, a déclaré dans un discours à la télévision d’Etat libyenne qu’Al-Qaeda est responsable de l’insurrection en Libye.

« Il est maintenant évident que cette affaire est téléguidée par al-Qaïda », a-t-il dit, parlant par téléphone à partir endroit non précisé.

Il a dit que les manifestants étaient des jeunes qui ont été manipulés par Al-Qaïda, et que beaucoup le faisaient sous l’influence de la drogue.

« Pas une personne au-dessus de 20 ans n’aurait effectivement prendre part à ces événements », a-t-il dit. « Ils profitent du jeune âge de ces personnes [pour qu’ils commettent des actes violents] parce qu’ils ne sont pas légalement responsables ! »

Il a appelé les parents libyens à garder leurs enfants à la maison.

La situation en Libye est différente de celle de l’Egypte ou de la Tunisie a-t-il encore dit, faisant valoir que, contrairement aux gens dans les pays voisins, les Libyens n’ont « aucune raison de se plaindre de que ce soit ».

Il a fait valoir qu’il était purement un leader « symbolique » sans réel pouvoir politique, en comparant son rôle à celui joué par la reine Elizabeth d’Angleterre.

Il a dit que les protestations pourraient entraîner la coupure de la production de pétrole en Libye.

« Si [les manifestants] ne vont plus régulièrement à leur travail, le flux de pétrole va s’arrêter », dit-il.

Absence de contrôle du pays

Mouammar Kadhafi, le dictateur libyen, a du mal à maintenir un semblant d’autorité sur le pays, alors que des pans importants de l’est de ce vaste pays d’Afrique du Nord semblent désormais sous le contrôle des manifestants pro-démocratie.

Ce jeudi, la télévision d’Etat a indiqué que Kadhaffi devait prononcer une allocution publique devant les habitants de Az Zawiyah, une ville qui a vu des affrontements violents entre forces anti et pro-gouvernement toute la journée d’hier.

De lourdes pertes sont signalées dans la ville mais le nombre exact de morts reste incertaine.

Plus tôt, une unité de l’armée libyenne dirigée par un allié de Kadhafi, Naji Shifsha, a fait exploser le minaret d’une mosquée occupée par des manifestants dans la même ville d’Az Zawiyah, selon des témoins. Ceux-ci ont dit que les manifestants avaient résisté, mais les informations restent floues.

Toujours selon des témoins, les forces pro-Kadhafi ont également attaqué la ville de Misrata, qui était sous le contrôle des manifestants. Ils ont dit à Al Jazeera que « les révolutionnaires avaient chassé les forces de sécurité », lesquelles avaient utilisé « des mitrailleuses lourdes et de canons anti-aériens ».

Ils ont dit que les forces pro-Kadhafi sont appelées la « brigade Hamza ».

Des affrontements similaires ont également été signalés dans les villes de Sabha dans le sud, et de Sabratha, près de Tripoli et qui est à l’ouest.

Toujours ce jeudi, les manifestants anti-gouvernement semblaient tenir le contrôle de la côte est du pays, partant de la frontière égyptienne et passant par les villes de Tobrouk et Benghazi, la deuxième ville du pays.

Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères, a déclaré mercredi que les manifestants ont également pris la ville de Cyrénaïque.

D’autres villes qui semblent ne plus être sous le contrôle de Kadhafi sont entre autres, Derna et Bayda, dans l’est du pays.

L’agence de nouvelles Reuters, citant des ressortissants égyptiens fuyant la ville de Zoura dans l’ouest du pays, a rapporté que les manifestants anti-gouvernement avaient repris le contrôle de la ville.

Sanctions possibles

Le gouvernement Kadhafi s’écroule peu à peu avec la défection d’ooficiels de premier plan, et la pression internationale s’exerce de plus en plus fort pour qu’il stoppe la répression violente qui a déjà entraîné la mort de centaines de personnes.

Les pays européens ont préparé une série de sanctions économiques contre le pays, tandis que Barack Obama, le président américain a également critiqué l’utilisation « scandaleuse » de la force contre les manifestants, et a déclaré que son pays envisage un « éventail d’options » à l’encontre de la Libye.

Une session extraordinaire de l’Organisation des Nations Unies Conseil des droits de l’homme aura lieu ce vendredi pour discuter de l’utilisation d’une force extrême contre des manifestants pacifiques.

Ahmed Gadhaf al-Dam, une des responsables des services de sécurité et cousin de Kadhafi, a fait défection mercredi, affirmant dans un communiqué publié par son bureau depuis le Caire qui a quitté le pays « en signe de protestation et pour montrer son désaccord » avec « de graves violations des droits de l’homme et des lois internationales ».

Al-Dam était en voyage en Syrie et au Caire dans un avion privé, ont indiqué certaines sources à Al Jazeera. Il a nié les allégations selon lesquelles il lui a été demandé de recruter des tribus égyptiennes à la frontière pour combattre en Libye, et il a dit qu’il s’être rendu en Egypte pour protester contre l’utilisation de la violence par le gouvernement libyen.

« Contrôle populaire »

Les soldats dans les villes contrôlées par les manifestants ont changé de camp, comblant le vide et ne supportant plus le gouvernement de Kadhafi. Dans une déclaration publiée sur internet, des officiers de l’armée stationnés dans Misurata ont promis leur « soutien total » aux manifestants.

Le major-général Suleiman Mahmoud, commandant des forces armées à Tobrouk, avait auparavant indiqué à Al Jazeera que les troupes qu’ils dirigeaient avaient changé de camp.

« Nous sommes du côté du peuple », dit-il. « J’étais avec lui [Kadhafi] dans le passé, mais la situation a changé - il est un tyran. »

Des milliers de manifestants se sont réunis à Tobrouk pour célébrer leur prise de la ville ce mercredi, des adversaires Kadhafi agitant des drapeaux de l’ancienne monarchie, au milieu des klaxons et des coups de feu tirés en l’air.

« En 42 ans, il a mis la Libye sens dessus dessous », a déclaré Hossi, un manifestant anti-gouvernement. « Ici, le chef est un diable. Il n’y a personne dans le monde comme lui. »

Des opposants anti-gouvernement, armés, ont également organisé des patrouilles sur la route qui longe la côte du pays méditerranéen. Un correspondant d’Al Jazeera a déclaré que, « même dans les villes sous contrôle des forces anti-gouvernementales » , les gangs des milices pro-Kadhafi ont été signalés comme circulant dans les rues la nuit.

La capitale paralysée

Tripoli, la capitale libyenne, est presque totalement bloquée et les rues en grande partie désertées, bien que Kadhafi ait appelé ses partisans à sortir en force le mercredi et à « nettoyer » le pays des manifestants anti-gouvernement.

D’après les autorités libyennes, des vivres étaient disponibles comme à la « normale » dans les magasins et elles ont encouragé les écoles et les services publics à rétablir les services réguliers, bien que l’activité économique et les banques sont paralysées depuis mardi.

Le journal The Independent a signalé, toutefois, que les prix du pétrole et la nourriture dans la capitale ont triplé en raison des graves pénuries.

Saif al-Islam Kadhafi, fils de Mouammar Kadhafi, a déclaré jeudi qu’une commission d’enquête internationale et des médias seront invités à visiter Tripoli. Lors d’une tournée d’une chaîne de télévision publique, il a tenu à dire que la vie était « normale » dans la ville.

Ce mercredi, un général d’armée a déclaré à Al Jazeera que les deux pilotes s’étaient éjectés de leur jets de l’armée de l’air près de la ville de Agdabia après avoir refusé de bombarder des civils à Benghazi, un bastion des manifestants anti-gouvernement.

En plus des nombreuses désertions dans l’armée, le colonel Kadhafi est aussi confronté aux démissions de plusieurs diplomates à des postes clés, ainsi qu’à celles de ministres qui rejettent son autorité et appellent à sa démission.

Des centaines de morts

Les gouvernements étrangers continuent d’évacuer leurs ressortissants, avec des milliers de personnes se déversant aux frontières du pays avec la Tunisie et l’Egypte. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, Italie, la Turquie, la Chine, la France et l’Inde, entre autres, ont pris des dispositions pour que leurs ressortissants quittent le pays.

James Bays, correspondant d’Al Jazeera, a rapporté qu’il y avait « des scènes désespérées à l’aéroport de Tripoli ». Il a dit que c’était une « impasse » et que certains disent qu’ils ont essayé de quitter le pays depuis trois jours.

« L’aéroport est encore très fermement sous le contrôle de personnes liées à Kadhafi », a-t-il déclaré, ajoutant que la police secrète patrouillaient la zone, et plusieurs postes de contrôle ont été mis en place sur la route qui y mène.

Selon la Fédération Internationale des Droits de l’Homme [FIDH], le nombre de personnes tuées est au moins de 640, bien que Nouri El-Mismari, un ancien chef du protocole de Kadhafi, et Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères, ont mis en avant un nombre plus proche de 1000.

Niant ces chiffres comme étant « une fabrications », le ministère libyen de l’Intérieur a déclaré mercredi que le nombre de morts depuis le début des violences était de 308 tués.

Depuis qu’il a fait ses déclarations contre Kadhafi, l’avocat d’el-Mismari a dit que les filles de son client, qui vivent en Libye, ont été « enlevées ... et emmenées de force à la télévision d’État pour nier les déclarations de leur père ».

24 février 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/a...
Traduction : Info-Palestine.net


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