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La dictature libyenne est-elle en train de se disloquer ?

lundi 21 février 2011 - 13h:36

D’après Al Jazeera

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Apparaissant à la télévision d’Etat libyen, Seif al-Islam Kadhafi affirme que son père est toujours dans le pays et dispose du soutien de l’armée...

Un fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a promis un programme de réformes après que des manifestations sanglantes contre la dictature exercée par son père aient atteint la capitale, Tripoli.

Saif al-Islam Kadhafi a également menacé ceux qu’il dits être derrière la violence. Il a déclaré que les protestations contre le régime de son père, qui étaient concentrées dans l’est du pays, menaçaient d’entraîner la Libye dans la guerre civile et de diviser le pays en plusieurs petits Etats.

[Il est remarquable de constater que la dictature libyenne suit ainsi pas à pas le comportement adopté au fur et à mesure des soulèvements populaires, par les dictateurs déchus en Tunisie et en Egypte - N.d.T]

Menaces

Apparaissant à la télévision d’Etat libyenne tôt ce lundi matin, Seif al-Islam a déclaré que son père était dans le pays et qu’il était soutenu par l’armée. « Nous allons nous battre jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la dernière balle. »

Il a dit que son père menait la lutte, mais il a reconnu que certaines bases militaires, des chars et des armes avaient été saisis.

« Nous ne sommes pas la Tunisie ni l’Egypte », a déclaré le jeune Kadhafi, se référant à des soulèvements qui ont renversé les régimes dictatoriaux de longue date dans les pays voisins de la Libye.

Il a reconnu que l’armée avait fait des erreurs lors des manifestations, car elle n’a pas été formée pour faire face à des manifestants, mais il a ajouté que le nombre de morts a été exagéré, donnant un nombre de morts de 14 à Tripoli et 84 à Benghazi [le fils Kadhafi a l’air de considérer ces chiffres comme quantité négligeable - N.d.T].

Pour Human Rights Watch, le nombre était déjà de 174 ce samedi, et selon les médecins de la ville orientale de Benghazi, plus de 200 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations.

« Discours désespéré »

Marwan Bishara, analyste principal d’Al Jazeera, a qualifié le discours Seif al-Islam de « désespéré ».

« Cela a ressemblé au discours désespéré d’un fils désespérée d’un dictateur qui essaie d’utiliser le chantage à l’égard du peuple libyen en menaçant de transformer le pays en un bain de sang. »

« C’est très dangereux venant de quelqu’un qui ne tient même pas un rôle officiel en Libye - de bien des façons, ce pourrait être le début d’un scénario de cauchemar pour la Libye, si un chef de file despotique met son fils en avant afin de menacer son peuple d’un bain de sang s’il n’écoute pas les ordres d’un dictateur. »

« Il est également fascinant de voir comment il a menacé l’Occident avec le chaos en Libye, puis menacé les Libyens d’une intervention occidentale, parce que comme il le dit, ce serait alors la transformation de la Libye en un pays décentralisé, permettant à divers groupes islamistes de prendre le pouvoir. Ce que l’Occident ne permettrait pas, » a ajouté Marwan Bishara.

Le jeune Kadhafi a proposé de mettre en ?uvre des réformes dans les jours qui viennent, ce qu’il présente comme une « initiative historique nationale », et il a déclaré que le régime était prêt à lever certaines restrictions et à entamer des discussions pour une constitution. Il a proposé de modifier un certain nombre de lois, dont celles portant sur les médias et le code pénal.

Il a déclaré que le Congrès général du peuple, soit l’équivalent d’un parlement libyen, se réunirait lundi pour discuter d’un programme « clair » de réformes, tandis que le gouvernement s’engagerait à augmenter les salaires.

Dans sa réaction au discours de Seif al-Islam, Najla Abdurahman, un dissident libyen, a déclaré : « il menace la Libye et essaye de jouer sur la peur. Je ne pense pas que quiconque en Libye, sauf quelqu’un lié au régime de Kadhafi, ne donnera foi à tout ce qu’il dit ».

« Et même s’il y a la moindre vérité dans ce qu’il dit, je ne pense pas que ce sera mieux que ce que le peuple de Libye a déjà vécu pendant les 40 dernières années. »

« Il a promis que le pays s’enfoncerait dans la guerre civile pour les 30 à 40 prochaines années, que l’infrastructure du pays serait ruiné, les hôpitaux et les écoles fermés - mais les écoles sont déjà dans un état terrible, comme les hôpitaux », a expliqué Abdurahman à Al Jazeera.

Manifestants « abattus »

Le discours de Saif al-Islam a succédé aux informations selon lesquelles les forces de répression avaient fait de nombreux morts parmi les manifestants à Benghazi, la deuxième plus grande ville de la Libye, où les habitants ont annoncé qu’une unité militaire avait rejoint leur cause.

Ont également été signalés des affrontements entre les manifestants anti-gouvernementaux et les partisans de Kadhafi autour de la Place Verte [à Tripoli].

« Nous sommes à Tripoli, il y a des slogans [visant Kadhafi] : ’Où es-tu ? Es-tu capable de sortir si tu es un homme ??’ » a déclaré un manifestant à Al Jazeera par téléphone.

Un habitant a déclaré à l’agence de nouvelles Reuters qu’il pouvait entendre des coups de feu dans les rues en même temps qu’une foule de gens.

« Nous sommes à l’intérieur de la maison et les lumières sont éteintes. Il y a des coups de feu dans la rue », a-t-il déclaré par téléphone. « C’est ce que j’ai entendu, des coups de feu et les gens. Je ne peux pas aller à l’extérieur. »

Un travailleur expatrié vivant dans la capitale libyenne a déclaré à Reuters : « Certains manifestants anti-gouvernementaux se rassemblent dans les zones résidentielles. La police veut les disperser. Je peux aussi voir brûler des voitures... »

Il y avait également des informations faisant état de manifestants se dirigeant vers une résidence de Kadhafi dans la ville de Al-Zawia, près de Tripoli, avec l’intention de brûler le bâtiment.

Les tribus « révoltées »

En attendant, le chef de la tribu al-Zuwayya dans l’est de la Libye a menacé de couper les exportations de pétrole si les autorités ne cessaient pas ce qu’il a qualifié « d’oppression des manifestants » . La tribu Warfala, une des plus importantes de la Libye, aurait rejoint les manifestations anti-Kadhafi.

Parlant à Al Jazeera, le cheikh al Faraj Zuway a déclaré : « Nous allons arrêter les exportations de pétrole vers les pays occidentaux dans les 24 heures » si la violence ne s’arrête pas. La tribu vit au sud de Benghazi, qui a subi la pire des violences de ces derniers jours.

Akram Al-Warfalli, une figure de proue de la tribu Al Warfalla, l’une des plus grandes de la Libye, a déclaré à Al Jazeera : « Nous disons au frère (Kadhafi), qu’il n’est plus un frère, nous lui disons de quitter le pays. » Cette tribu vit au sud de Tripoli.

Des manifestations ont également éclaté dans d’autres villes, dont Bayda, Derna, Tobrouk et Misrata - et des anti-graffiti Kadhafi orne les murs de plusieurs villes.

Les manifestants anti-gouvernementaux dans la ville orientale de Benghazi auraient saisi des véhicules de l’armée et des armes.

Un témoin direct a déclaré qu’une partie des troupes avait rejoint les manifestants ce dimanche, et que le chaos avait balayé les rues de la ville, la plus touchée par le soulèvement contre la dictature vielle de plus de 40 ans de Mouammar Kadhafi.

Mohamed, un médecin de l’hôpital al-Jalaa à Benghazi, a confirmé à Al Jazeera que des membres de l’armée avaient pris parti pour les manifestants.

« Nous recevons encore des blessés graves, je peux confirmer nouveaux 13 décès dans notre hôpital. Cependant, les bonnes nouvelles sont que les gens font des acclamations et crient leur joie à l’extérieur après avoir appris que l’armée prenait le parti du peuple », a-t-il dit.

« Mais il y a encore une brigade qui est contre les manifestants. Ces trois derniers jours , les manifestants ont été abattus par cette brigade, appelée la brigade Al-Sibylle. »

Des témoins ont déclaré à Al Jazeera que au moins 200 personnes sont mortes ces derniers jours lors des manifestations rien qu’à Benghazi. Human Rights Watch a déclaré ce dimanche que le nombre de morts dans tout le pays s’élevait à 173. Le groupe a déclaré que ces chiffres étaient « provisoires ».

21 février 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/a...
Traduction : Info-Palestine.net


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