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Israël souhaite faire échec au gouvernement d’union palestinien

vendredi 9 mars 2007 - 06h:30

Michel Bôle-Richard - Le Monde

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Alors qu’Ismaïl Haniyeh, le premier ministre palestinien désigné, tente de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale, la diplomatie israélienne s’active pour contrer cette tentative considérée comme une alliance contre nature. La coalition entre les nationalistes du Fatah et les islamistes du Hamas au sein d’un même exécutif est jugée comme sacrilège tant que le nouveau cabinet ne reconnaîtra pas les trois conditions fixées par le Quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU), à savoir : la reconnaissance d’Israël, le renoncement à la violence et l’adhésion aux accords passés.

Sentant qu’il y a de plus en plus de réticences du côté russe et parmi certains pays de l’Union européenne, notamment la France, pour maintenir les sanctions imposées par la communauté internationale au futur gouvernement d’union nationale, les autorités israéliennes ont dépêché leurs émissaires à Washington et à Bruxelles pour convaincre l’administration américaine et les diplomates européens de ne pas changer d’attitude vis-à-vis du nouveau cabinet palestinien même si celui-ci est composé de personnalités venues d’horizons politiques différents ou d’indépendants.

Yoram Turbowicz, chef du bureau du premier ministre Ehoud Olmert, et Shalom Turjeman, son conseiller politique, ont notamment rencontré, lundi 5 mars aux Etats-Unis, Steve Hadley, conseiller à la sécurité nationale, pour évoquer l’attitude à adopter face à l’émergence d’un nouvel exécutif palestinien dans lequel figureront neuf ministres du Hamas.

Les Israéliens ne cachent pas qu’ils souhaitent non seulement que l’administration américaine maintienne son attitude passée mais qu’elle fasse pression sur ses alliés pour qu’ils ne changent pas de position. Les 86 millions de dollars (près de 66 millions d’euros) que Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat américaine, avait promis d’allouer à Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, pour renforcer notamment ses services de sécurité, sont toujours bloqués. Ehoud Olmert n’a guère apprécié l’accord de La Mecque, du 8 février, qui a permis de réconcilier les frères ennemis que sont le Hamas et le Fatah et a ouvert une nouvelle voie pour sortir de la crise politique et humanitaire dans laquelle est plongée l’Autorité palestinienne.

Il l’a dit clairement à Mahmoud Abbas, le 19 février, en présence de Mme Rice. Il a accusé son partenaire palestinien de "trahison", pour s’être associé avec les islamistes. Le président palestinien lui a rétorqué qu’après leur rencontre du 23 décembre 2006, les engagements pris n’avaient pas été tenus, notamment en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie des Palestiniens. L’ambiance a été houleuse.

Néanmoins, une prochaine rencontre entre les deux hommes est prévue rapidement, peut-être dimanche. M. Olmert veut sans doute dissuader, une dernière fois, le président palestinien de donner sa bénédiction à un gouvernement associant les deux organisations palestiniennes rivales. Même si c’est la seule option possible pour sortir du marasme dans lequel sont plongés les territoires et si c’est l’unique moyen d’éviter une guerre civile.

A Bruxelles, Tzipi Livni, ministre israélienne des affaires étrangères, a également appelé, lundi, l’Union européenne (UE) à rester ferme. "Faire des compromis ne rendra pas les choses plus faciles", a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il ne fallait pas "se compromettre avec des terroristes". Le Hamas qui dirigeait le gouvernement issu des élections du 25 janvier 2006 est inscrit sur la liste des organisations terroristes, ce qui a immédiatement entraîné le blocus des nouvelles institutions en dépit du caractère démocratique du scrutin.

Benita Ferreo-Waldner, commissaire européen pour les relations extérieures, a estimé, la semaine dernière, lors d’une visite à Jérusalem, qu’il faudrait juger le nouvel exécutif "aux actes". Et le ministre allemand des affaires étrangères, Franz-Walter Steinmeier, a indiqué que l’UE "préparait les décisions" qui pourraient être prises après la formation du gouvernement. Ce qui inquiète les autorités israéliennes persuadées qu’il y aura des accommodements avec le nouveau pouvoir.

Parallèlement à l’offensive diplomatique israélienne, Rafic Husseini, chef de cabinet de Mahmoud Abbas, a écrit, dimanche, à M. Steinmeier (l’Allemagne préside actuellement l’UE), pour dénoncer "la flagrante injustice" qui consiste à appliquer des sanctions contre l’Autorité palestinienne alors que la Cisjordanie est occupée depuis presque quarante ans. M. Husseini demande "une approche plus équilibrée" de la situation au moment "où le peuple palestinien est sur le point de parvenir à un consensus national historique".

Michel Bôle-Richard, correspondant à Jérusalem - Le Monde, le 8 mars 2007


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