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Les travailleurs égyptiens exigent la dissolution de la Fédération syndicale dirigée par l’État

samedi 19 février 2011 - 07h:10

Jano Charbel
AlMasry AlYoum

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Depuis 1957, il n’y a eu que deux grèves d’autorisées, pendant que les syndicats indépendants étaient harcelés et leurs activités entravées.

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Manifestation le lundi 14 devant le siège de l’ETUF




Environ 500 travailleurs et militants syndicaux se sont rassemblés devant la Fédération syndicale égyptienne (ETUF) lundi pour exiger la dissolution de la Fédération. Les manifestants se sont retrouvés à 16 h et scandent des slogans réclamant le droit de conduire des grèves non violentes, le procès des dirigeants de l’ETUF et le droit de créer des syndicats indépendants.

« La Fédération est un repaire de voleurs, La Fédération est une bande de voyous, » scandent les manifestants. Des dizaines d’entre eux tentent vers 17 h d’investir et d’occuper le siège de l’ETUF. La sécurité de l’ETUF réagit en cognant sur les manifestants devant l’immeuble, ce qui conduit à des jets de pierres dans tous les sens. Les employés et la sécurité de l’ETUF se mettent à lancer des bouteilles, des bâtons et des pierres depuis les étages, blessant un certain nombre de manifestants et journalistes.

Une jeep de l’armée s’avance jusqu’aux portes brisées du siège de l’ETUF, un soldat et un officier, brandissant leurs armes, en descendent et repoussent les groupes qui s’opposent chacun de leur côté. Trois employés de l’ETUF impliqués dans la mêlée sont interpellés pour être interrogés.

L’officier demande à trois représentants parmi les manifestants d’expliquer clairement quelles sont leurs réclamations. Pendant ce temps, des manifestants scandent, « Le peuple exige la dissolution de la Fédération », tandis que d’autres brandissent des pancartes disant, « Jugez ces dirigeants qui ont profité de la privatisation ». La plupart des travailleurs présents font partie du syndicat indépendant des Employés de l’Autorité des impôts fonciers, le RETA (premier syndicat indépendant et reconnu par le gouvernement égyptien en avril 2009).

Le président du RETA, Kamal Abu Eita, saisit un mégaphone et précise leurs réclamations. « Nous exigeons la dissolution de la Fédération. Nous appelons le procureur général à geler les comptes de Hussein Megawer (président de l’ETUF) et ceux des autres dirigeants de la Fédération. Nous exigeons le droit de créer des syndicats indépendants et la reconnaissance officielle de ces syndicats libres. »

Megawer et ses finances font l’objet actuellement d’une enquête par le bureau du procureur général. Le président de l’ETUF a l’interdiction de quitter le pays avant la fin de cette enquête.

Le 6 février, le Centre de services pour les syndicats et les ouvriers (CTUWS) a déposé plainte contre Megawer pour détournements de fonds et vices dans la représentation des travailleurs et syndicats. Le directeur du CTUWS, Kamal Abbas, déclare aux manifestants devant l’ETUF que « cette Fédération ne représentait plus les travailleurs et les syndicats d’Égypte ». Il demande une enquête en urgence sur les finances de Megawere et de tous les autres dirigeants de l’ETUF.

Et Abbas d’ajouter : « Le 30 janvier, une nouvelle Fédération indépendante a été créé qui comprend les syndicats du RETA, le syndicat des Technologues de la santé égyptiens, le syndicat indépendant des Enseignants, et le syndicat des Retraités. C’est la seule Fédération syndicale légitime en Égypte. »

Toutes les organisations syndicales précitées ont été crées au cours des deux dernières années, indépendamment de l’ETUF. Les syndicats d’Égypte sont contrôlés par l’État depuis 1957. Depuis cette date, il n’y a eu que deux grèves d’autorisées, pendant que les syndicats indépendants étaient harcelés et leurs activités entravées.

La Fédération (ETUF) comprend 24 syndicats généraux, dont 22 sont présidés par des membres du Parti national démocratique (PND) du président destitué Hosni Moubarak.

L’ETUF avait prévu de reporter ses élections de cette année afin de soutenir la réélection du président Moubarak et ainsi ne pas se superposer aux élections présidentielles prévues pour la fin de cette année.

Voir aussi :

- Égypte : la classe moyenne pour la junte militaire, les travailleurs pour la Révolution permanente - Hossam el-Hamalawy - MR Zine

14 février 2011 - AlMasry AlYoum - photo par l’auteur - traduction : JPP


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