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Egypte : les manifestations se poursuivent, malgré des dizaines de manifestants assassinés

samedi 29 janvier 2011 - 16h:55

Al Jazeera

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Un siège régional du parti au pouvoir est en feu au milieu des protestations qui se poursuivent, tandis que le nombre de tués dépasse les 90.

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Les manifestations exigent un changement de régime, et non pas un quelconque changement ministériel - Photo : Gallo/Getty

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues de la capitale égyptienne du Caire en continuant d’exiger la fin de la présidence, vieille de 30 ans, de Hosni Moubarak.

Les manifestations continuent en dépit d’un couvre-feu étendu au samedi, qui d’après la télévision d’Etat est imposé de 16 heures à 8 heures, heure locale.

Une présence militaire est maintenue, mais Ayman Mohyeldin d’Al-Jazira a déclaré que les soldats déployés sur la place Tahrir au Caire ne sont pas intervenus dans les manifestations.

« Certains des soldats nous ont dit que la seule façon de ramener la paix dans les rues du Caire était que Moubarak démissionne », dit-il.

Des foules similaires se sont rassemblées dans les villes d’Alexandrie et de Suez, selon les correspondants d’Al-Jazira.

Il a été dit aussi que des manifestants ont tenté de prendre d’assaut le ministère de l’Intérieur au Caire, et que les militaires ont tenté d’empêcher la police de tirer sur les manifestants.

Les craintes de pillages ont également augmenté, et l’armée a mis en garde samedi les habitants pour qu’ils protègent « leurs biens et possessions ».

Le conseil des ministres égyptien a officiellement démissionné en réaction aux manifestations, et Ahmed Ezz, un homme d’affaires et haut responsable du Parti National Démocratique (PND) a démissionné de son poste de président du Comité de la planification et du budget.

Les manifestants ont saccagé et incendié l’un des principaux bureaux de sa société à Mohandiseen, un quartier du Caire.

Les médias d’Etat ont rapporté samedi que certains manifestants portaient des affiches avec une croix marquée sur la face de Ezz, qui est président de la société Ezz Steel.

Des manifestations de nuit ont également eu lieu vendredi dans plusieurs villes du pays, dans ce qui a été considéré comme une manifestation de colère sans précédent de la part de la population égyptienne.

A Alexandrie, Rawya Rageh d’Al Jazeera a rapporté qu’une foule de manifestants a défilé, appelant Hosni Moubarak à démissionner.

« Ils appellent à un changement de régime, pas à un changement du Cabinet », a déclaré Rageh.

Elle a dit aussi qu’ils bloquaient la circulation et criant « illégitime, illégitime ! ».

L’agence de nouvelles Reuters a signalé que la police avait tiré à balles réelles sur les manifestants, mais il n’y a pas eu de confirmation de cette information.

A Suez, Al Jazeera a rapporté que Jamal ElShayyal 1000 à 000 manifestants s’étaient rassemblés et que l’armée ne s’opposait pas à eux.

ElShayyal a cité un officier de l’armée qui disait que les troupes « ne tireraient pas une seule balle sur des Egyptiens ».

L’officier a aussi affirmé que la seule solution à l’agitation actuelle était que « Moubarak s’en aille ».

ElShayyal a dit aussi que 1700 travailleurs du secteur public dans Suez s’étaient mis en grève illimitée jusqu’à la démission de Moubarak.

Les dernières manifestations reflètent le mécontentement populaire face au discours fait à minuit par Moubarak, où il a annoncé qu’il renvoyait son gouvernement mais restait au pouvoir.

Quelques centaines de personnes manifestent sur la place Tahrir, sous les yeux de l’armée qui a été déployée dans la ville pour réprimer l’agitation populaire balayant depuis le 25 janvier le pays musulman le plus peuplé du Moyen-Orient.

Les manifestants ne cessent de crier que leurs intentions sont pacifiques.

Selon l’Associated Press, l’avenue menant de la place Tahrir aux immeubles du Parlement et du gouvernement a été bloquée par les militaires.

Selon Jane Dutton d’Al Jazeera, rapportant du Caire, la ville animée en temps normal ressemblait plus à une zone de guerre très tôt ce samedi matin.

Les chars ont patrouillé dans les rues de la capitale depuis le début de la matinée, et une déclaration de l’armée égyptienne a demandé aux citoyens de respecter le couvre-feu et d’éviter les rassemblements en grands groupes.

Un couvre-feu prolongé doit être appliqué par l’armée, de 16 heures à 8 heures heure locale, au Caire et dans d’autres grandes villes.

La télévision d’Etat a également déclaré que tous les examens scolaires et universitaires ont été reportés.

Forte augmentation du nombre de tués

Plusieurs villes à travers l’Egypte ont connu des manifestations sans précédent ce vendredi, avec des dizaines de milliers de manifestants descendus dans les rues après la prière du milieu de journée, appelant à la fin du régime de Moubarak.

Le nombre de personnes tuées dans les manifestations a fortement augmenté, avec au moins 23 morts confirmés à Alexandrie, et au moins 27 à Suez, avec 22 autres décès au Caire.

A Alexandrie, Rageh d’Al Jazeera rapporte que les corps de 23 manifestants avaient été placés à la morgue locale, certains d’entre eux brutalement défigurés.

Elle a ajouté que les militants des droits de l’homme ont indiqué que 13 autres corps étaient à l’hôpital principal.

ElShayyal, notre correspondant à Suez, a confirmé que 27 corps ont été placés à la morgue de Suez, tandis que Dan Nolan, notre correspondant du Caire, a confirmé que 22 corps étaient présents à la morgue au Caire.

Plus de 1000 personnes ont également été blessées dans les violentes manifestations de vendredi qui ont eu lieu au Caire et à Suez, en plus d’Alexandrie.

Dutton, au Caire, a déclaré que le nombre de personnes dans les rues « a augmenté après le discours du président Hosni Moubarak, peu après minuit ».

En ce qui concerne la situation dans la capitale ce samedi matin, elle a dit « il y a du verre brisé partout ... un grand nombre de carcasses de voitures de police brûlées ont été enlevées, mais on voit qu’il y a eu des heures et des heures d’accrochages dans les rues de la capitale [hier soir] ».

Le siège de la direction du PND (le parti au pouvoir) dans la capitale est toujours en feu, plus de 12 heures après avoir été incendié par des manifestants.

L’armée égyptienne a déclaré qu’elle avait été en mesure de protéger le musée voisin des antiquités de la menace des incendies et des pillages, et d’éviter ainsi la perte possible de milliers d’objets inestimables.

Des véhicules blindés de transport restent stationnés autour des ambassades de la Colombie et des États-Unis, ainsi que devant la station de télévision d’Etat.

Certains réseaux de téléphonie mobile reprennent du service dans la capitale ce samedi, après avoir été fermés par les autorités vendredi. Les services Internet restent coupés, et la téléphonie fixe est utilisable de façon limitée.

Les autorités avaient bloqué Internet, les téléphones mobiles et les services de SMS en vue de perturber les manifestations prévues.

« Des émeutiers » et « des criminels »

Maged Reda Boutros, un membre du Parti national démocratique, a déclaré à Al Jazeera que le régime politique en Egypte « admettait » qu’il ne répondait pas aux attentes de la population, et c’est pourquoi le cabinet était démissionnaire.

« Cela donne une réponse aux demandes du peuple », dit-il.

Il a allégué que les manifestations ont été manipulées par des « émeutiers » de la « partie inférieure de la société », qui sont désormais engagés dans « les incendies, les pillages et les tirs ».

« Maintenant, d’une noble cause cela à tourné à une cause criminelle », dit-il, en disant que la plupart des personnes impliquées dans les manifestations étaient des criminels.

Il a prétendu aussi que la moitié des tués étaient des membres des forces de sécurité, morts alors qu’ils agissaient en état de légitime défense.

« Les gens devraient attendre de voir ce qui va se passer. Mais s’ils continuent à faire des manifestations et à laisser ces criminels en liberté dans une grande ville de 17 millions de personnes ... nous ne pouvons pas jouer avec la stabilité du pays. »

Mohamed ElBaradei, une figure de l’opposition, a déclaré à Al Jazeera que les manifestations continueront jusqu’à ce que le président démissionne. Il a également souligné que le « système » politique devra changer en Egypte pour que le pays puisse avancer.

Il a qualifié le discours du président Moubarak de « décevant », et lui a demandé de démissionner. L’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a également exprimé sa « déception » face à la réaction américaine aux manifestations, bien qu’il souligne que tout changement devra venir de « l’intérieur de l’Egypte ».

Il a déclaré aussi que Moubarak devrait mettre en place un gouvernement provisoire qui organiserait des élections libres et équitables. [...]

Les manifestations de vendredi qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes ont été les plus sanglantes des quatre jours consécutifs de protestations contre le gouvernement de Moubarak.

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29 janvier 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Info-Palestine.net


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