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Egypte : les manifestants défient le couvre-feu et Moubarak envoie l’armée

vendredi 28 janvier 2011 - 19h:39

Al Jazeera

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Des bâtiments et des véhicules ont été incendiés dans tout le pays tandis que les manifestations anti-gouvernementales se poursuivent et que l’armée est déployée.

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Les manifestants continuent d’exiger le départ de Moubarak - Photo : Reuters

Un couvre-feu nocturne a été décrété dans les villes égyptiennes du Caire, d’Alexandrie et de Suez, après une journée où des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, exigeant la fin de la présidence vieille de 30 ans d’Husni Moubarak.

Le couvre-feu a été mis en place ce vendredi sur décision du président, en même temps qu’a été lancé un ordre pour que l’armée se charge du maintien de l’ordre [de la répression], dans un contexte d’affrontements violents entre la police et les manifestants.

Moubarak, « en tant que commandant en chef, a déclaré un couvre-feu dans les gouvernorats du Grand Caire, d’Alexandrie et de Suez de 6 heures du soir à 7 heures du matin à partir de vendredi jusqu’à nouvel ordre », a annoncé la télévision d’Etat.

Le président « a demandé aux forces armées, en coopération avec la police, d’appliquer la décision et de maintenir la sécurité des établissements publics et de la propriété privée, » a encore annoncé la télévision.

Ayman Mohyeldin d’Al Jazeera, rapportant du Caire, a dit qu’un bâtiment appartenant au Parti national démocratique [parti au pouvoir] a été incendié ainsi que plusieurs véhicules de police.

Rawya Rageh, rapportant depuis la ville portuaire d’Alexandrie, a déclaré que les manifestants défiaient le couvre-feu.

« La situation reste très tendue, et beaucoup sont encore ici, défiant ouvertement ce couvre-feu. »

Selon l’Associated Press, des milliers de manifestants ont pris d’assaut le ministère des affaires étrangères et le bâtiment de la télévision d’Etat au Caire.

Dans la ville de Suez, au moins deux personnes ont été tuées pendant les manifestations, et des véhicules blindés auraient été incendiées. Le correspondant Jamal Elshayyal a rapporté que des postes de police ont également été incendiés lors de manifestations.

Des dizaines de personnes ont été blessées tandis que les forces de police tiraient des balles en [acier recouvert de] caoutchouc, utilisaient des canons à eau, tiraient des gaz lacrymogènes et matraquaient la foule.

Au cours des affrontements, des policiers en civil attaquaient aussi les manifestants. A la mosquée Fatah dans le Ramses Square, plusieurs milliers de personnes ont été confinées à l’intérieur et attaquées avec des gaz.

Des véhicules militaires égyptiens ont été aperçus dans les rues de la capitale, et les manifestants ont scandé des slogans appelant l’armée à les soutenir, se plaignant des violences policières lors d’affrontements dans lesquels les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en acier recouvert de caoutchouc.

Les manifestants ont réagi positivement quand un véhicule blindé de troupes s’est montré, indiquant peut-être qu’il appartenait à l’armée.

« L’armée est une institution respectée en Égypte, et beaucoup estiment qu’ils ont besoin de son soutien contre l’utilisation de ce qu’ils considèrent être une force excessive par les forces de police et de sécurité », dit notre correspondant au Caire.

Toutefois, Hosni Moubarak a ordonné aux troupes de protéger la police alors que celle-ci tentait de garder le contrôle des foules qui continuent d’inonder les rues du Caire et d’autres villes égyptiennes.

Mais dans ce qui est un signe de l’escalade des tensions, des incendies et une épaisse fumée noire ont été observés dans certains secteurs du Caire.

Les manifestations de vendredi ont été de loin les plus importantes de ces quatre jours consécutifs de protestations composées de gens qui en ont assez du chômage, de la pauvreté, de la corruption et du manque de liberté qui sévissent sous Moubarak.

« Ces protestations ne vont pas s’arrêter. Ils ne pourront plus tromper le peuple et nous faire quelques concessions boiteuses. Hosni doit s’en aller », a déclaré le manifestant Mohamed Taha, après avoir fui une attaque de la police.

« Je suis âgé de 70 ans, je vais mourir, mais ces gens doivent se battre pour vivre », dit-il encore.

Les manifestants souvent se dispersent et se regroupent rapidement.

Certains brandissent des banderoles disant : « Tout le monde contre un » et scandent : « pacifiques pacifique pacifique, sans violence. » D’autres jettent leurs chaussures sur les affiches avec le portrait de Moubarak.

Comme les affrontements se sont intensifiés, la police frappe au jugé dans la foule avec des matraques et des salves de tirs de gaz lacrymogènes.

« Va-t-en, va-t-en, Moubarak, Moubarak, l’avion t’attend, » scandaient les manifestants.

Mohamed ElBaradei, l’ancien responsable de l’organe de surveillance nucléaire des Nations Unies et un leader de l’opposition en Egypte, a été brièvement détenu par la police après avoir prié dans une mosquée dans le quartier de Giza, mais il a ensuite pris part à une marche avec ses partisans.

La violence a jusqu’ici fait sept morts sur l’ensemble du pays.

Répression

En réponse, le gouvernement avait promis de sévir contre les manifestations et d’arrêter ceux qui y participent. Il a bloqué internet, les réseaux de téléphones mobiles et les services de messagerie SMS en vue de contrecarrer les manifestations prévues.

Avant que l’Egypte ne ferme l’accès à Internet jeudi soir, les militants ont affiché des messages sur les services de réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter, indiquant plus de 30 mosquées et églises où des manifestants ont été organisées ce vendredi.

Pendant ce temps, les États-Unis ont déclaré que la situation en Egypte représentait une « profonde préoccupation » et ont appelé les autorités égyptiennes à adopter des réformes et à autoriser les manifestations pacifiques et les communications libres.

PJ Crowley, un porte-parole du département d’Etat a déclaré vendredi que l’Egypte devait respecter les « droits fondamentaux » de sa population et éviter la violence.

Il a également déclaré qu’une réforme était vitale pour la stabilité à long terme du pays et sa sécurité, et a exhorté le gouvernement à traiter son peuple comme un partenaire et non comme une menace.

Il est loin d’être gagné d’avance que les manifestants aient raison de Moubarak. Ils sont confrontés à deux défis majeurs, a déclaré Amon Aran, un expert du Moyen-Orient à la London’s City University, cité par l’agence de Reuters.

« Il y a l’appareil égyptien de sécurité, qui au fil des ans a développé un intérêt à la survie du régime du président Moubarak. Cet appareil perfectionné a démontré au cours des derniers jours qu’il est déterminé à écraser la dissidence politique », dit-il.

« Un autre obstacle tient au fait que, jusqu’à présent, les manifestants ne semblent pas former une opposition politique cohérente. »

« La colère populaire est forte et claire, mais si elle peut se traduire en une force politique est sujet à discussion. »

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28 janvier 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Info-Palestine.net


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