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Déconstruire le chaos pour reconstruire à nouveau

samedi 22 janvier 2011 - 08h:48

Chirine Zbib - Al-Manar

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Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

L’expression résume bien la situation du trouble spontané qui règne aujourd’hui dans le monde arabe et le continent africain. Entre ceux qui refusent encore de faire le lien entre tous ces événements successifs. Certes, les problèmes ne sont pas toujours similaires de pays en pays, mais les coupables, eux, le sont. La politique américano-sioniste et ses alliés arabes n’en ont pas terminé avec la région, le pire est à venir si le peuple maintien son inertie face à des gouvernements fantoches, à la merci des États-Unis et « d’Israël ».

Le constat aujourd’hui est drastique : les pays arabes sont en crise économique, sociale, et politique. Pendant que le peuple meurt de faim et a recours à des actes de désespoir, notamment en Tunisie où le nombre de suicides augmentent, les gouvernements au pouvoir se partagent les ressources des pays. Un cercle de politiciens et d’oligarques, qui pillent les richesses du peuple. Les puissances occidentales approuvent puisqu’elles font la sourde oreille face à l’oppression et aux dispositifs criminels des autorités tunisiennes et algériennes. Ce silence, loin d’être innocent, fait partie de toute une stratégie américano-sioniste.

C’est la stratégie du « Grand Moyen-Orient », projet inspiré des thèses de l’orientaliste et pro-israélien Bernard Lewis et des travaux sionistes d’Oded Yinon, conseiller du gouvernement de Menahem Begin, révélé dans ses écrits Une stratégie pour Israël dans les années 80.

Le projet reprend également les thèses orientalistes qui consistent à représenter le monde arabe comme une mosaïque de minorités religieuse et « ethnique », soit disant incapable de vivre ensemble dans des États-Nations. Elle annonce la mort du monde arabe en tant qu’entité politique et promeut toute une stratégie pour s’emparer des richesses du Moyen-Orient. Il est en effet question de deux objectifs : celui de s’emparer des premières réserves de pétrole et de gaz pour un Occident en manque d’énergie, puis de protéger l’ami de toujours, cette entité sioniste qui perpétue des crimes contre l’humanité depuis sa création. Pour ce faire, il n’y a un qu’un mot d’ordre : diviser. En effet diviser pour mieux régner en s’acharnant sur une instrumentalisation communautariste. La stratégie porte un nom, c’est la théorie du « chaos constructeur ».

En effet, cette stratégie consiste à créer une instabilité dans le monde arabe et le continent africain afin de générer des discordes au sein des pays concernés , les affaiblir , puis les séparer en de petits États satellites tournant autour de la seule puissance consentie dans la région, celle de l’entité sioniste. Tout ce qui peut nuire à la sécurité et à la prospérité de cette entité, récemment la découverte des champs de gaz et de pétrole dans l’espace maritime libanais, doit disparaître ou s’affaiblir pour ne plus constituer une menace. Il s’agit donc de construire, de remodeler la région à travers des guerres sanguinaires. Les pays sur la liste noire des sionistes sont nombreux, de la Somalie à l’Afghanistan, elle y inclut même des pays comme l’allié zunien de toujours, l’Arabie Saoudite. Pays à manne pétrolière, dont le wahhabisme sera soutenu par les Américains et instrumentalisé dans leur guerre contre le monde communiste. Ainsi, même l’Arabie Saoudite est menacée de sécession.

Au Liban, les forces américano-sionistes ont mis fin à toute initiative syro-saoudienne, n’acceptant aucune négociation avant l’acte d’accusation et réitérant leur soutien à un TSL politisé et corrompu visant à frapper directement le Hezbollah. Visant à accentuer les tensions interconfessionnelles et les transformer en conflit. C’est « l’instabilité constructive » américaine qui cherche à semer le chaos et anéantir une des résistances les plus efficaces face à l’occupation israélienne. La volonté d’y créer également un mini-État chrétien reprend l’idée du révisionniste sioniste Vladimir Jabotinsky.

En Palestine occupée, le plan continu sa politique de colonisation et de judaïsation, sous le regard silencieux de l’Occident qui se targue à longueur de journée de protéger les minorités dans la région, notamment les Chrétiens, quand bien même les discriminations des Chrétiens et Musulmans à Jérusalem Al Quds occupée passent sous silence. Il est également question de préserver une certaine guerre fratricide entre le Hamas et le Fatah afin d’empêcher toute unité palestinienne.

Le projet rêve d’étendre ce chaos au Soudan, Iran et la Syrie. Le plan a effectivement réussi à séparer le Soudan en Nord (musulmans)/Sud (chrétiens), alors que les plus grandes résistances sud-soudanaises se contentaient de réclamer une certaine autonomie, se passant de tout sujet sur une indépendance quelconque. L’indépendance et la sécession du Soudan n’étant qu’une idée parachutée par les américano-sionistes pour piller les richesses de ce pays et détruire le plus grand État du monde arabe. Le leurre est certes masqué et vendu aux sud-soudanais par le fameux discours américains de liberté et de paix.

L’Irak reste l’exemple type de l’application de ce projet, après y avoir mené une guerre atroce contre le régime de Saddam mais surtout contre un peuple irakien qui vivait déjà sous un embargo génocidaire imposé par l’ONU. Les Américains ont réussi à accentuer les tensions et conflits interconfessionnelles dans ce pays, à faire fuir des milliers de chrétiens et à y imposer un système politico-confessionnel. Il y est également question d’affaiblir l’Irak en pillant ses ressources pétrolières et en le divisant en de petits-États confessionnels, sans en oublier la volonté de créer un grand Kurdistan où l’activité du Mossad est omniprésente.

Même en signant un accord de paix avec « Israël », l’Égypte n’échappe pas à la spirale chaotique sioniste. Les espions du Mossad y grouillent et cherchent ainsi à déstabiliser le pays en jouant également sur les tensions confessionnelles existantes entre les musulmans et les coptes. Une implication directe ou indirecte du Mossad dans le dernier attentat contre les coptes n’est pas à sous-estimer. Il est également question d’affaiblir l’Égypte déjà affaiblie, par un soutien israélien à l’Éthiopie dans la construction de barrages sur le fleuve du Nil, limitant ainsi la quantité d’eau égyptienne nécessaire à la réalisation de projets agraires et d’installations hydroélectriques.

Le projet s’étend à des pays non-arabes comme la Côte-D’ivoire et le Nigeria où les puissances occidentales cherchent à tout prix à maintenir leurs intérêts coloniaux. Pour ce faire, le plan accentue les tensions entre musulmans et chrétiens et ambitionne aux sécessions. Il est sujet de contenir la présence et les rôles grandissants des Libanais, des Iraniens et des Chinois dans le continent africain. Des rôles qui aujourd’hui nuisent aux intérêts américano-sionistes qui cherchent à agrandir leur influence sur le continent africain.

Aujourd’hui, un chaos, certes de nature différente, a atteint la Tunisie. Celui d’une crise économique et sociale résultant d’une politique dictatoriale et discriminante qui élimine tout partage des richesses de l’État, provoquant ainsi pauvreté et chômage. Des politiques oppressantes soutenues par les puissances occidentales, notamment la France et les États-Unis.

On l’aura compris, les intérêts occidentaux et ceux des dictateurs arabes passent avant tout. Avant la dignité et le bien-être du citoyen lambda, où même l’équation silence politique contre nourriture ne lui est plus assurée. Puisque la « liberté américaine » ne se donne pas à tout le monde, il faudra aller la chercher, l’arracher et la gagner. Il faut à tout prix déconstruire « le chaos constructif » américano-américain pour reconstruire à nouveau.

Les peuples sont les premiers concernés !

21/01/2011 - Al-Manar


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